J'ai une raison de parler si souvent de ses modèles à propos du peintre : son art ne se conçoit pas sans elles.
Assez souvent, attirées par la chaleur des radiateurs placés autour du modèle, les chats s'installent autour ou sur celui-ci et l'accompagnent dans sa pose.Le jour de cette photo, c'était Malou qui s'était emparée du modèle, tandis que l'autre chat Féli (hors champ) s'était retirée tout en haut du chevalet, son poste d'observation favori. (Non, je ne fais pas de faute d'orthographe en n'accordant pas mes participes passés "attirées", "emparée" et "retirée" avec "chat(s)" au masculin, car tous les chats, comme tous les modèles pour Van Hove, sont obligatoirement féminins, quelle que soit la façon dont on en parle.)
A la chaleur des radiateurs, le modèle ajoute celle d'une double paire de chaussettes en profitant de ce que sa peintre se concentre sur son visage. Le coussin sur le tabouret sera dans le tableau, mais pas ceux sous la fesse et sous le mollet gauches seulement destinés à réduire l'inconfort de la pose. Devant ce modèle, surnommée Pretty Woman, et qui est aussi une Business Woman : son mobile qu'elle manipule quand il sonne -quatre ou cinq fois par séance en général- en ne bougeant que le bras droit. Au premier plan, la palette papier du peintre.
mercredi 5 décembre 2007
mardi 4 décembre 2007
55) Reconnaître
Il y a quelques années, rares étaient les gens qui reconnaissaient les modèles de Van Hove quand ils avaient l'occasion de les croiser, au cours d'un vernissage par exemple. Cela a un peu changé. Il est vrai que les modèles d'aujourd'hui, Céline, Julia, Rivka et Marion, à l'exception de la petite dernière Camille, atteignent ou dépassent le 1,70 m, alors que la génération précédente tournait autour d'1,60 m, et parfois encore moins, comme dans le cas de Karen.
Comment pourrait-on ne pas remarquer Julia et Marion et leur 1,80 m hauts talons compris ?
Il y a aussi et surtout que Van Hove est de plus en plus réaliste, qu'elle peint de plus en plus "ressemblant"-, et, dans cette mesure, aggrave son cas de peintre pas moderne.
En peinture dite moderne, en effet, il ne faut pas "faire ressemblant", pas donner à voir des choses qu'on reconnaît. Charles Matton en parlait l'autre jour sur Europe 1, dans le cadre de son interview par Frédéric Taddéi le 22 novembre vers 15 heures, pour être tout à fait précis.
Combien cela avait été difficile pour lui au début, en tant que peintre figuratif ! racontait-il.
Un jour...
Cela se passait dans les années 1950.
Van Hove se rappelle bien cette époque qui a été celle de ses propres débuts
Un jour, donc, Matton se rend chez un marchand pour lui présenter son travail. Comme il est en 2CV et ne trouve pas à se garer près de la galerie, il s'arrête juste en face le temps de décharger pour repartir aussitôt à la recherche d'un endroit où caser sa voiture. Quand il revient, il retrouve ses tableaux posés par terre le long d'un mur tous cul par dessus tête.
A l'époque, sa peinture n'étant pas aussi figurative qu'aujourd'hui, le peintre peut imaginer que le galeriste s'est simplement trompé et lui propose spontanément de remettre ses toiles dans le bon sens.
"Non, laissez, c'est mieux comme cela", lui répond le marchand. Et de lui expliquer que quand il reconnaît quelque chose dans un tableau, ça l'empêche de juger de la peinture. ("Pour juger la peinture, il ne faut pas que je reconnaisse quelque chose".)
Comment pourrait-on ne pas remarquer Julia et Marion et leur 1,80 m hauts talons compris ?
Il y a aussi et surtout que Van Hove est de plus en plus réaliste, qu'elle peint de plus en plus "ressemblant"-, et, dans cette mesure, aggrave son cas de peintre pas moderne.
En peinture dite moderne, en effet, il ne faut pas "faire ressemblant", pas donner à voir des choses qu'on reconnaît. Charles Matton en parlait l'autre jour sur Europe 1, dans le cadre de son interview par Frédéric Taddéi le 22 novembre vers 15 heures, pour être tout à fait précis.
Combien cela avait été difficile pour lui au début, en tant que peintre figuratif ! racontait-il.
Un jour...
Cela se passait dans les années 1950.
Van Hove se rappelle bien cette époque qui a été celle de ses propres débuts
Un jour, donc, Matton se rend chez un marchand pour lui présenter son travail. Comme il est en 2CV et ne trouve pas à se garer près de la galerie, il s'arrête juste en face le temps de décharger pour repartir aussitôt à la recherche d'un endroit où caser sa voiture. Quand il revient, il retrouve ses tableaux posés par terre le long d'un mur tous cul par dessus tête.
A l'époque, sa peinture n'étant pas aussi figurative qu'aujourd'hui, le peintre peut imaginer que le galeriste s'est simplement trompé et lui propose spontanément de remettre ses toiles dans le bon sens.
"Non, laissez, c'est mieux comme cela", lui répond le marchand. Et de lui expliquer que quand il reconnaît quelque chose dans un tableau, ça l'empêche de juger de la peinture. ("Pour juger la peinture, il ne faut pas que je reconnaisse quelque chose".)
54) Photo (2)
Quelques jours seulement après ce que je raconte dans 51), Van Hove se fait aborder par une jeune femme.
- Ah, je suis si contente de vous rencontrer. Je vous admire tant... Ce que vous faites est merveilleux...
La scène se déroule dans le foyer de la Gaîté Montparnasse où FVH est venue assister au one-woman-show d'un de ses anciens modèles, Isabelle, comédienne, metteur en scène et auteur de théâtre. Une création que FVH, et également Céline qui l'a accompagnée, ont trouvée tout à fait remarquable.
- Je vous suis depuis des années, continue l'admiratrice. Je m'en veux d'avoir raté votre dernière exposition. J'adore vraiment ce que vous faites... Vos tableaux sont magnifiques... On dirait des photos !!!
FVH remercie, légèrement embarrassée par le compliment.
- Et vos modèles... Ils sont merveilleux... Vous en avez deux, n'est-ce pas ?
FVH rectifie d'un geste de la main : quatre, en ce moment.
- Et d'ailleurs, ajoute FVH en désignant Céline qui s'est légèrement écartée durant l'échange, en voici un.
- Ah oui ? répond la jeune femme avec un sourire à l'adresse de Céline. Ah, excusez-moi, mais avec votre col roulé, je ne vous avais pas reconnue.
- Et mes boucles ? proteste Céline en riant.
- Ah, je suis si contente de vous rencontrer. Je vous admire tant... Ce que vous faites est merveilleux...
La scène se déroule dans le foyer de la Gaîté Montparnasse où FVH est venue assister au one-woman-show d'un de ses anciens modèles, Isabelle, comédienne, metteur en scène et auteur de théâtre. Une création que FVH, et également Céline qui l'a accompagnée, ont trouvée tout à fait remarquable.
- Je vous suis depuis des années, continue l'admiratrice. Je m'en veux d'avoir raté votre dernière exposition. J'adore vraiment ce que vous faites... Vos tableaux sont magnifiques... On dirait des photos !!!
FVH remercie, légèrement embarrassée par le compliment.
- Et vos modèles... Ils sont merveilleux... Vous en avez deux, n'est-ce pas ?
FVH rectifie d'un geste de la main : quatre, en ce moment.
- Et d'ailleurs, ajoute FVH en désignant Céline qui s'est légèrement écartée durant l'échange, en voici un.
- Ah oui ? répond la jeune femme avec un sourire à l'adresse de Céline. Ah, excusez-moi, mais avec votre col roulé, je ne vous avais pas reconnue.
- Et mes boucles ? proteste Céline en riant.
mardi 27 novembre 2007
53) Pourvu qu'on aime
Un jour, c'était en juin ou juillet 1980 à la Royal Academy of the Arts à Londres, je visite une exposition de tableaux et dessins d'Andrew Wyeth. Je suis accompagné par quelqu'un occupant de très hautes fonctions au Ministère de la Culture en France et faisant autorité dans le milieu de l'art officiel.
"Extraordinaire!" dis-je en sortant du musée.
"Pas d'accord," me répond mon compagnon, "ce n'est que de l'illustration."
Que faire devant quelqu'un qui ne voit pas la différence entre un tableau d'Andrew Wyeth et une oeuvre de Norman Rockwell (à une époque où ce dernier n'avait pas encore eu les honneurs des grands musées de son pays et était encore de surcroît assez universellement méprisé)? Ou quelqu'un qui ne voit pas la différence entre la technique d'un petit maître Flamand du XVIIe siècle et celle d'un hyperréaliste des années 1980 ? Ou entre un Van Hove et une photo ?
Sincèrement, je ne sais pas. Tout ce que je sais, ce sont les deux choses suivantes :
1, peu importe finalement que quelqu'un confonde Wyeth et Rockwell pourvu qu'il ou elle aime;
2, "voir" implique toujours un conditionnement, à commencer par "voir" une photo.
A ce sujet, j'ai récemment remis la main sur un article que j'avais trouvé dans le numéro du 5 mai 1975 de la revue "Le Photographe", écrit par le documentariste ethnologue J.-D. Lajoux à son retour d'expédition, et dont voici le passionnant début :
L'HOMME DEVANT SES IMAGES
"Ayant sorti de mon sac divers papiers et carnets de notes,je mis à jour quelques photographies faites une dizaine de mois auparavant, dans un village Dié des montagnes du Sud-Vietnam, séparé de celui où je me trouvais par une étroite vallée.
Un homme, près de moi, observait tous mes gestes. Je lui tendis une des photographies représentant une femme du village voisin, et je lui demandai tout naturellement : "La connais-tu ?"
Il prit la photo et, à mon étonnement, au lieu de regarder le portrait, la tourna et la retourna plusieurs fois, tout en la palpant entre le pouce et l'index. Puis il se mit à observer et détailler de près la surface blanche du dos de l'épreuve. Après quelques instants, posant sur moi un regard interrogateur où se glissait une lueur d'admiration, l'homme me demanda : "Comment peux-tu fabriquer une telle étoffe ? On ne voit pas les fils."
La question me coupa le souffle. Ces photos que j'avais eu soin de tirer et de transporter avec moi depuis la France pour les donner aux gens des villages que j'avais photographiés un an plus tôt, il semblait ne pas les voir. Pouvait-il ne pas comprendre que je lui montrais une image ? Son attention et sa curiosité étaient accaparées par la matière de l'épreuve. Lorsque je tentai de lui expliquer que je ne lui présentais pas un morceau de tissu, mais l'image du visage d'une femme du village voisin, je me rendis compte que mon langage était totalement énigmatique. [...] Force fut alors de me rendre à l'évidence, sa "cécité" était totale, et aucune des images qu'il manipulait ne fut perçue comme telle, par mon interlocuteur [...]"
"Extraordinaire!" dis-je en sortant du musée.
"Pas d'accord," me répond mon compagnon, "ce n'est que de l'illustration."
Que faire devant quelqu'un qui ne voit pas la différence entre un tableau d'Andrew Wyeth et une oeuvre de Norman Rockwell (à une époque où ce dernier n'avait pas encore eu les honneurs des grands musées de son pays et était encore de surcroît assez universellement méprisé)? Ou quelqu'un qui ne voit pas la différence entre la technique d'un petit maître Flamand du XVIIe siècle et celle d'un hyperréaliste des années 1980 ? Ou entre un Van Hove et une photo ?
Sincèrement, je ne sais pas. Tout ce que je sais, ce sont les deux choses suivantes :
1, peu importe finalement que quelqu'un confonde Wyeth et Rockwell pourvu qu'il ou elle aime;
2, "voir" implique toujours un conditionnement, à commencer par "voir" une photo.
A ce sujet, j'ai récemment remis la main sur un article que j'avais trouvé dans le numéro du 5 mai 1975 de la revue "Le Photographe", écrit par le documentariste ethnologue J.-D. Lajoux à son retour d'expédition, et dont voici le passionnant début :
L'HOMME DEVANT SES IMAGES
"Ayant sorti de mon sac divers papiers et carnets de notes,je mis à jour quelques photographies faites une dizaine de mois auparavant, dans un village Dié des montagnes du Sud-Vietnam, séparé de celui où je me trouvais par une étroite vallée.
Un homme, près de moi, observait tous mes gestes. Je lui tendis une des photographies représentant une femme du village voisin, et je lui demandai tout naturellement : "La connais-tu ?"
Il prit la photo et, à mon étonnement, au lieu de regarder le portrait, la tourna et la retourna plusieurs fois, tout en la palpant entre le pouce et l'index. Puis il se mit à observer et détailler de près la surface blanche du dos de l'épreuve. Après quelques instants, posant sur moi un regard interrogateur où se glissait une lueur d'admiration, l'homme me demanda : "Comment peux-tu fabriquer une telle étoffe ? On ne voit pas les fils."
La question me coupa le souffle. Ces photos que j'avais eu soin de tirer et de transporter avec moi depuis la France pour les donner aux gens des villages que j'avais photographiés un an plus tôt, il semblait ne pas les voir. Pouvait-il ne pas comprendre que je lui montrais une image ? Son attention et sa curiosité étaient accaparées par la matière de l'épreuve. Lorsque je tentai de lui expliquer que je ne lui présentais pas un morceau de tissu, mais l'image du visage d'une femme du village voisin, je me rendis compte que mon langage était totalement énigmatique. [...] Force fut alors de me rendre à l'évidence, sa "cécité" était totale, et aucune des images qu'il manipulait ne fut perçue comme telle, par mon interlocuteur [...]"
dimanche 25 novembre 2007
52) Peinture
La clientèle de Van Hove est extrêmement variée. A une extrémité de l'eventail, on trouve des gens pour qui ses tableaux sont des espèces de photos. Tandis qu'à l'autre extrémité de l'éventail, on trouve les amateurs qui considèrent les mêmes tableaux comme des fenêtres ouvertes sur un monde imaginaire aussi proche de la réalité et aussi différent que l'est la photo de... la peinture.Le fait que, dans un tableau comme "L'Essayage", l'on puisse reconnaître -plus ou moins comme sur une photo- une jeune femme s'admirant dans un miroir et une autre la regardant faire, ce fait est de toute façon essentiel dans l'approche picturale de Van Hove.
Je crois que je me suis déjà référé à cette formule de Maurice Denis souvent citée pour introduire à l'histoire de l'art dit moderne : "Se rappeler qu’un tableau - avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote - est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées." Eh bien, revenons-y une fois de plus et répétons que pour des peintres comme Van Hove, un tableau est certes une surface plane..., mais PAS AVANT d'être une femme nue...
Pas avant : EN MEME TEMPS.
Je crois que je me suis déjà référé à cette formule de Maurice Denis souvent citée pour introduire à l'histoire de l'art dit moderne : "Se rappeler qu’un tableau - avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote - est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées." Eh bien, revenons-y une fois de plus et répétons que pour des peintres comme Van Hove, un tableau est certes une surface plane..., mais PAS AVANT d'être une femme nue...
Pas avant : EN MEME TEMPS.
mardi 20 novembre 2007
51) Photo ?
Pendant ses expositions, Van Hove a régulièrement l’occasion de rencontrer des gens s’émerveillant de ce que ses tableaux soient « aussi beaux que des photographies ».J’y pensais l’autre jour en visitant l’exposition « The Age of Rembrandt: Dutch Paintings in the Metropolitan Museum of Art » à New York. Les meilleurs artistes à l’époque considérée -entre 1600 et 1800-, aussi bien aux Pays-Bas qu'en Italie, étaient parvenus à une maîtrise technique qui pourrait leur valoir la même réflexion. Je dis « pourrait » au présent (du conditionnel) en me rappelant cette scène vue au Louvre, que raconte Van Hove dans un de ses livres, « d’un couple penché sur une œuvre d’un petit maître Flamand du XVIe siècle, et la femme s’exclamant à l’adresse de son compagnon, comme si elle venait de faire une découverte, ce qui était d’ailleurs le cas : « Regarde ! De l’hyperréalisme ! »
Comment Van Hove réagit-elle devant l’assimilation souvent faite de sa peinture à de la photographie, ou à de l’hyperréalisme (ce qui revient au même) ? Eh bien, tout dépend de la personne. Dans la bouche de certains, cette assimilation est de toute évidence un compliment et doit être interprétée comme tel. Dans la bouche d’autres, c’est une fin de non recevoir artistique devant laquelle on n’a d’autre ressource que de laisser passer la caravane.
Revenons à mon exposition du Metropolitan : de la photographie avant l’heure, oui, me disais-je en m’attardant devant le « Jeune homme et femme dans une auberge » de Frans Hals (1623). Mais EN MEME TEMPS tout autre chose qui s’appelle de la peinture figurative et qu’il faut être assez inconscient pour continuer à pratiquer 191 ans après la géniale invention de Nicéphore Niepce.
Comment Van Hove réagit-elle devant l’assimilation souvent faite de sa peinture à de la photographie, ou à de l’hyperréalisme (ce qui revient au même) ? Eh bien, tout dépend de la personne. Dans la bouche de certains, cette assimilation est de toute évidence un compliment et doit être interprétée comme tel. Dans la bouche d’autres, c’est une fin de non recevoir artistique devant laquelle on n’a d’autre ressource que de laisser passer la caravane.
Revenons à mon exposition du Metropolitan : de la photographie avant l’heure, oui, me disais-je en m’attardant devant le « Jeune homme et femme dans une auberge » de Frans Hals (1623). Mais EN MEME TEMPS tout autre chose qui s’appelle de la peinture figurative et qu’il faut être assez inconscient pour continuer à pratiquer 191 ans après la géniale invention de Nicéphore Niepce.
jeudi 15 novembre 2007
50) Ombres noires
L’exposition s’est terminée le 8 de ce mois de novembre; le succès a été au rendez-vous, comme d’habitude une fois tous les deux ans. Elle a été l’occasion pour moi de rencontrer pas mal de gens consultant ce blog et m’encourageant à en faire plus, dont certains se sont d’ailleurs plaints de mon silence ces derniers temps. Mais j’ai cette excuse : je réfléchissais à une nouvelle manière de parler de Van Hove moins contrainte du point de vue intellectuel, et donc moins dépendante de l’opinion du peintre, sachant que celle-ci n’imagine pas justement qu’on puisse avoir une approche intellectuelle de son œuvre. (Et, pour commencer, qu’on puisse parler d’ « œuvre » à propos de son travail.)
Voici, en attendant de me lancer dans cette nouvelle aventure critique, un dessin qui a fait partie de l’exposition mais qui, arrivé sur le tard et tout de suite vendu, n’a pas eu les honneurs de la cimaise."Ombres noires", ça s'appelle.
Pastel et pierre noire, dessin préparatoire d'un tableau déjà en train.
Voici, en attendant de me lancer dans cette nouvelle aventure critique, un dessin qui a fait partie de l’exposition mais qui, arrivé sur le tard et tout de suite vendu, n’a pas eu les honneurs de la cimaise."Ombres noires", ça s'appelle.
Pastel et pierre noire, dessin préparatoire d'un tableau déjà en train.
dimanche 23 septembre 2007
49) Vernissage
Le vernissage de l'exposition Van Hove 2007 a eu lieu le 13 septembre comme prévu.
Sur la photo ci-dessus : Alain Blondel et le peintre.
Simple et très harmonieux, l'accrochage réalisé par Michèle et Alain Blondel contribue au plaisir de la visite.
Les modèles sont venues en masse : photos au prochain numéro.
Sur la photo ci-dessus : Alain Blondel et le peintre.
Simple et très harmonieux, l'accrochage réalisé par Michèle et Alain Blondel contribue au plaisir de la visite.
Les modèles sont venues en masse : photos au prochain numéro.
vendredi 7 septembre 2007
48) Camille
Le vernissage de l’exposition est pour dans une semaine.
Rentrée de la campagne, Van Hove a travaillé avec un nouveau modèle qui lui avait été proposé(e) par Céline.Comme d’habitude avec un nouveau modèle, la peintre a commencé par quelques portraits au crayon pour vérifier que « c’est intéressant ».
Et c'est intéressant.
Rentrée de la campagne, Van Hove a travaillé avec un nouveau modèle qui lui avait été proposé(e) par Céline.Comme d’habitude avec un nouveau modèle, la peintre a commencé par quelques portraits au crayon pour vérifier que « c’est intéressant ».
Et c'est intéressant.
mercredi 22 août 2007
47) C'est l'automne en été
Il a vraiment beaucoup plu à Château-Landon durant tout le mois d'août. Heureusement, comme je l'ai dit en 42), Van Hove s'était dépêchée de faire son "Prunier" dès son arrivée en juillet et n'a plus eu besoin de travailler dehors ensuite.Tout août, elle a donc peint en atelier, d'après modèles. Marion et Céline parties, ça a été au tour d'un miroir à trois pans de poser (pour "Pensive").Dans l'atelier, souvent Féli se perche en haut du chevalet comme une colombe au sommet d'un arbre. Et qu'on n'essaye pas de la déloger quand elle n'a pas envie de quitter son poste.
samedi 18 août 2007
mercredi 15 août 2007
45) Pensive
Dans la réalité, à Château-Landon où elle prend ses quartiers d'été, FVH a deux tableaux en cours.
Le premier, "Le Vieux prunier", sera à l'expo.
Le second, elle ne sait pas encore, n'étant pas sûre de pouvoir le finir à temps.
En voici une photo : Le personnage se fait d'après Céline. Céline qui est aussi venue poser à Château, et qui y a croisé Marion.
(Chaque modèle a sa façon de parler de Van Hove : Marion dit "Francine", Julia dit "Van Hove" et Céline, elle, dit "ma" peintre : "Je ne peux pas vous voir, je dois aller poser chez ma peintre." "Ma peintre est passée me voir à ma galerie du Passage Choiseul".)
Le premier, "Le Vieux prunier", sera à l'expo.
Le second, elle ne sait pas encore, n'étant pas sûre de pouvoir le finir à temps.
En voici une photo : Le personnage se fait d'après Céline. Céline qui est aussi venue poser à Château, et qui y a croisé Marion.
(Chaque modèle a sa façon de parler de Van Hove : Marion dit "Francine", Julia dit "Van Hove" et Céline, elle, dit "ma" peintre : "Je ne peux pas vous voir, je dois aller poser chez ma peintre." "Ma peintre est passée me voir à ma galerie du Passage Choiseul".)
dimanche 12 août 2007
44) Pour le dossier de presse,
le galeriste de Van Hove, Alain Blondel, a écrit sur l'art de son peintre un texte que je trouve personnellement admirable.
Voici ce texte :
"Les tensions se relâchent. Le bruit du monde s'éloigne. Les gestes s'épanouissent. De la scène les mâles sont absents... Non qu'on ne les aime pas, car il n'est pas question ici d'une guerre des sexes ; mais disons que, pour l'instant, la question de séduire ne se pose pas. D'emblée, cette tension est évacuée ; et c'est de sensualité pure, plus que d'érotisme, qu'il est question dans le tiède atelier devenu abri. La passion et son vocabulaire de bataille reste au vestiaire, avec les habits, justement. Les corps sont nus, mais les jeux de l'amour sont reportés à plus tard, dès le retour dans le monde ; c'est prévu, c'est promis. Seulement, pour l'instant, la pile se recharge. Et, dans ces représentations peintes, on découvre sa charge explosive.
Comment rendre compte de cela ? Van Hove, bonne observatrice et fin stratège, se tient modestement en retrait. Elle parle à son propos de « peinture lisse » et prétend vouloir se faire oublier dans sa facture. Voilà qui est plutôt singulier à entendre aujourd'hui. Elle se contente, dit-elle, de fixer des gestes sur la toile et démontre que, dans le monde féminin dont elle témoigne, le langage infiniment varié des attitudes est amplement suffisant pour suggérer le souffle calme, le battement rassurant de la vie au repos.
Dans cette familiarité si quotidienne, si éloignée des vanités sociales, les minutes ont tout le loisir de s'allonger. Le Temps, enfin, peut se faire oublier. C'est alors que l'a-modernisme (qui n'a rien d'un anachronisme) devient une vertu. C'est en tout cas le but vers lequel tend l'art de Van Hove. Le sujet est trop intemporel pour prendre le risque de le dater par une manière de peindre qui reprendrait les afféteries d'un jour et détournerait son sens. Pour parvenir à cela - sortir de son temps pour mieux être dans l'instant fixé - il faut posséder un métier incroyable. Pas de place ici pour des velléités. Il faut assumer la perfection. Elle en a les moyens.
Les femmes reconnaissent une part essentielle de leur vérité dans ces dessins et ces peintures. Elles y découvrent des sentiments qui n'avaient jamais été aussi clairement exprimés. Quant aux filles, elles peuvent, pour un instant, laisser tomber leurs armures, dentelles, ficelles. Combattantes et amoureuses au dehors, elles se retrouvent enfin seules devant des miroirs amicaux de glace, de papier et de toiles. Et s'en trouvent bien."
Une seule remarque de ma part : quand il parle de tensions ("qui se relâchent…"), Alain Blondel n'envisage que celles existant entre femmes et "mâles", que FVH évite effectivement en excluant totalement les mâles de son univers pictural. Mais tout le monde sait que des tensions de même nature peuvent exister entre femmes, et il me semble intéressant d'évoquer le fait que les rapports du peintre avec ses modèles femmes en sont également exempts.On se trouve bien, comme le note Alain Blondel dans la suite de son analyse, dans un en-deçà de l'érotisme.
Voici ce texte :
"Les tensions se relâchent. Le bruit du monde s'éloigne. Les gestes s'épanouissent. De la scène les mâles sont absents... Non qu'on ne les aime pas, car il n'est pas question ici d'une guerre des sexes ; mais disons que, pour l'instant, la question de séduire ne se pose pas. D'emblée, cette tension est évacuée ; et c'est de sensualité pure, plus que d'érotisme, qu'il est question dans le tiède atelier devenu abri. La passion et son vocabulaire de bataille reste au vestiaire, avec les habits, justement. Les corps sont nus, mais les jeux de l'amour sont reportés à plus tard, dès le retour dans le monde ; c'est prévu, c'est promis. Seulement, pour l'instant, la pile se recharge. Et, dans ces représentations peintes, on découvre sa charge explosive.
Comment rendre compte de cela ? Van Hove, bonne observatrice et fin stratège, se tient modestement en retrait. Elle parle à son propos de « peinture lisse » et prétend vouloir se faire oublier dans sa facture. Voilà qui est plutôt singulier à entendre aujourd'hui. Elle se contente, dit-elle, de fixer des gestes sur la toile et démontre que, dans le monde féminin dont elle témoigne, le langage infiniment varié des attitudes est amplement suffisant pour suggérer le souffle calme, le battement rassurant de la vie au repos.
Dans cette familiarité si quotidienne, si éloignée des vanités sociales, les minutes ont tout le loisir de s'allonger. Le Temps, enfin, peut se faire oublier. C'est alors que l'a-modernisme (qui n'a rien d'un anachronisme) devient une vertu. C'est en tout cas le but vers lequel tend l'art de Van Hove. Le sujet est trop intemporel pour prendre le risque de le dater par une manière de peindre qui reprendrait les afféteries d'un jour et détournerait son sens. Pour parvenir à cela - sortir de son temps pour mieux être dans l'instant fixé - il faut posséder un métier incroyable. Pas de place ici pour des velléités. Il faut assumer la perfection. Elle en a les moyens.
Les femmes reconnaissent une part essentielle de leur vérité dans ces dessins et ces peintures. Elles y découvrent des sentiments qui n'avaient jamais été aussi clairement exprimés. Quant aux filles, elles peuvent, pour un instant, laisser tomber leurs armures, dentelles, ficelles. Combattantes et amoureuses au dehors, elles se retrouvent enfin seules devant des miroirs amicaux de glace, de papier et de toiles. Et s'en trouvent bien."
Une seule remarque de ma part : quand il parle de tensions ("qui se relâchent…"), Alain Blondel n'envisage que celles existant entre femmes et "mâles", que FVH évite effectivement en excluant totalement les mâles de son univers pictural. Mais tout le monde sait que des tensions de même nature peuvent exister entre femmes, et il me semble intéressant d'évoquer le fait que les rapports du peintre avec ses modèles femmes en sont également exempts.On se trouve bien, comme le note Alain Blondel dans la suite de son analyse, dans un en-deçà de l'érotisme.
43) Invitation à l'expo
Voici le carton d'invitation à la prochaine exposition de Van Hove à la Galerie Alain Blondel.
Le vernissage aura lieu le 13 septembre au soir.
L'exposition durera jusqu'au 8 novembre 2007.
Adresse : 128, rue Vieille du Temple, 75003 Paris. (Attention, la Galerie a déménagé et donc quitté le plateau Beaubourg il y a déjà deux ans.)
Le vernissage aura lieu le 13 septembre au soir.
L'exposition durera jusqu'au 8 novembre 2007.
Adresse : 128, rue Vieille du Temple, 75003 Paris. (Attention, la Galerie a déménagé et donc quitté le plateau Beaubourg il y a déjà deux ans.)
samedi 11 août 2007
42) Le Vieux prunier
Dernières nouvelles de ce tableau de Van Hove dont j'ai déjà parlé dans mon message 38, "Le Vieux prunier", et qui sera le dernier de sa prochaine exposition.
Après avoir peint le personnage féminin dans son atelier parisien, FVH a gagné Château-Landon pour y peindre l'arbre. Sur le motif, bien entendu.Curieuse et pressée d'aboutir, le peintre s'y est mise d'arrache-pied dès son arrivée mi juillet. Heureusement, car deux semaines plus tard, ça a été des pluies incessantes et l'automne en plein été dans toute la région.
En fait, une fois l'arbre peint, pour des raisons d'équilibre de traitement entre les différents éléments, Van Hove a eu besoin d'une séance de plus avec son modèle qu'elle a pu faire venir de Paris pour le week-end du 11-12 août. Les avant-bras, mains, jambes et pieds ont ainsi été retravaillés.
Non, le tableau n'est pas encore tout à fait fini : une ombre entre l'arbre et le dos encore à régler.
Après avoir peint le personnage féminin dans son atelier parisien, FVH a gagné Château-Landon pour y peindre l'arbre. Sur le motif, bien entendu.Curieuse et pressée d'aboutir, le peintre s'y est mise d'arrache-pied dès son arrivée mi juillet. Heureusement, car deux semaines plus tard, ça a été des pluies incessantes et l'automne en plein été dans toute la région.
En fait, une fois l'arbre peint, pour des raisons d'équilibre de traitement entre les différents éléments, Van Hove a eu besoin d'une séance de plus avec son modèle qu'elle a pu faire venir de Paris pour le week-end du 11-12 août. Les avant-bras, mains, jambes et pieds ont ainsi été retravaillés.
Non, le tableau n'est pas encore tout à fait fini : une ombre entre l'arbre et le dos encore à régler.
41) Van Hove en anglais
Deuxième question de Pascale du 17 juillet dernier, qui est une suggestion d’ailleurs : parler de Francine Van Hove en anglais.
"Do you intend to translate this fantastic blog in English?
I have plenty of English speaking friends who would love to read you. They love Francine Van Hove's work and they are anxious to learn more about her.
Also, could you publish on the blog all the texts which have been written and published about her? Like the prefaces of the books or the press release texts which have been sent before the exhibitions."
La réponse est simple et peut tenir en un mot : trac.
J’ai le trac de m’exprimer en anglais sachant que je ne suis pas sûr du tout d’arriver à le faire au niveau de subtilité requis s’agissant de la peinture de Van Hove. Mais c’est promis : je vais faire l’effort surhumain d’ouvrir un blog dans cette langue. Non seulement en pensant aux amateurs et clients de Van Hove purement anglophones, mais aussi, mais surtout parce que cela me semble dans l’ordre des choses qu’aujourd’hui, en Europe, tout le monde considère l’anglais comme sa seconde langue maternelle et la pratique en conséquence.
Merci Pascale.
"Do you intend to translate this fantastic blog in English?
I have plenty of English speaking friends who would love to read you. They love Francine Van Hove's work and they are anxious to learn more about her.
Also, could you publish on the blog all the texts which have been written and published about her? Like the prefaces of the books or the press release texts which have been sent before the exhibitions."
La réponse est simple et peut tenir en un mot : trac.
J’ai le trac de m’exprimer en anglais sachant que je ne suis pas sûr du tout d’arriver à le faire au niveau de subtilité requis s’agissant de la peinture de Van Hove. Mais c’est promis : je vais faire l’effort surhumain d’ouvrir un blog dans cette langue. Non seulement en pensant aux amateurs et clients de Van Hove purement anglophones, mais aussi, mais surtout parce que cela me semble dans l’ordre des choses qu’aujourd’hui, en Europe, tout le monde considère l’anglais comme sa seconde langue maternelle et la pratique en conséquence.
Merci Pascale.
40) Les titres des tableaux
Je réponds maintenant à Pascale en ce qui concerne les titres des tableaux de Van Hove : si celle-ci avait le choix -si elle n’en avait pas besoin pour se repérer dans sa propre production-, elle laisserait ses tableaux sans titres. Et c’est ce qui explique que beaucoup de ses titres soient insignifiants. Quelques exemples ? « Le Café noir », « Le Bol penché », « Karen au verre de vin », « Anne au verre de vin », « Le Pot de confiture », « Le Tub ». Une insignifiance très significative du fait que, pour elle, ses tableaux doivent se suffire à eux-mêmes et pouvoir se passer de mots pour s'apprécier : accès libre de tout discours. Cependant, la peintre ne peut pas toujours être aussi minimaliste verbalement. Alors, de temps en temps, quand le sujet s'y prête, elle va plus loin en s’amusant. Et cela donne « Cène d’atelier », « Répétition générale », ou « Les Pieds dans les nuages ». Un de ses derniers tableaux (ci-dessus) fait écho à la légende de l’invention de la peinture telle que la raconte l’antique Pline l’Ancien. J’avais suggéré à Van Hove de l’appeler « L’Invention de la peinture », ou « La Naissance de la peinture », ou encore « L’Ombre de Dibutades ». Trop compliqué, m’a-t-telle répondu, pour ne pas dire trop littéraire et prétentieux. Et son choix à elle a finalement été « Le Dessin de l’ombre ». Ce qui est très bien comme titre, à mon avis, pour ne pas dire mieux.
Mais voici quand même cette légende de l’invention de la peinture dont la connaissance, si elle n’est pas nécessaire pour la compréhension de l’œuvre, peut présenter un certain intérêt pour l’amateur et éventuellement ajouter à son plaisir.
Ce qui suit est extrait d’un livre remarquable de Nadeije Laneyrie-Dagen que j’ai déjà cité dans ce blog, message n° 11.
« L’anecdote, répétée par d’innombrables auteurs du début du Moyen Âge jusqu’au XVIIIe siècle, constitue un des mythes fondateurs de l’histoire de l’art occidental, illustré à plusieurs reprises, encore dans les années 1800, par les peintres et les graveurs […] Le mythe de la naissance de l’art dans le monde européen tel que le rapporte l’écrivain Pline l’Ancien renvoie à l’histoire de la représentation d’une ombre. " Le premier ouvrage en ce genre fut fait en argile par Dibutades de Sicyone, potier à Corinthe, à l’occasion d’une idée de sa fille, éprise d’un jeune homme qui allait quitter la ville : celle-ci arrêta par des lignes les contours du profil de son amant […]""
Ainsi obtient-on une image dessinée qui fait illusion de présence.
Mais voici quand même cette légende de l’invention de la peinture dont la connaissance, si elle n’est pas nécessaire pour la compréhension de l’œuvre, peut présenter un certain intérêt pour l’amateur et éventuellement ajouter à son plaisir.
Ce qui suit est extrait d’un livre remarquable de Nadeije Laneyrie-Dagen que j’ai déjà cité dans ce blog, message n° 11.
« L’anecdote, répétée par d’innombrables auteurs du début du Moyen Âge jusqu’au XVIIIe siècle, constitue un des mythes fondateurs de l’histoire de l’art occidental, illustré à plusieurs reprises, encore dans les années 1800, par les peintres et les graveurs […] Le mythe de la naissance de l’art dans le monde européen tel que le rapporte l’écrivain Pline l’Ancien renvoie à l’histoire de la représentation d’une ombre. " Le premier ouvrage en ce genre fut fait en argile par Dibutades de Sicyone, potier à Corinthe, à l’occasion d’une idée de sa fille, éprise d’un jeune homme qui allait quitter la ville : celle-ci arrêta par des lignes les contours du profil de son amant […]""
Ainsi obtient-on une image dessinée qui fait illusion de présence.
lundi 6 août 2007
39) Elle et Degas
Je reprends après quelques semaines de vacances et réponds d’abord au message de Hellbay : bien sûr que le dessin que j’ai montré dans mon message n° 38 fait penser à Degas. Mais en quoi exactement ? Quoi de commun entre les deux artistes ?
Le thème de toute évidence : jeune femme à sa toilette vue de dos.
Mais aussi la manière de dessiner de Van Hove, dans la mesure où elle est classique italienne comme celle de Degas, avec cependant cette différence, par rapport à ce qui se passe chez ce dernier, que le dessin de Van Hove, toujours préparatoire à sa peinture, va généralement plus dans le détail, au niveau des mains et des pieds, par exemple.
Remarque : si son dessin rattache Van Hove à la même tradition italienne que son plus illustre prédécesseur, tel n’est pas le cas de sa peinture.
A ce sujet, voici un joli texte de Colette parlant des types humains qu'elle peut observer en Italie, puis citant Besnard à propos de peinture :
« Les beaux enfants. Plus beaux qu’on ne saurait dire. Chez certaines petites filles, la coupe de la paupière, l’abondance du regard, le fini du menton, et cette belle forme d’œuf, la pointe en bas, du visage. Des adolescentes émeuvent comme si elles sentaient bon. Tôt moustachues d’ailleurs, et tôt élargies, elles perdent cette finesse périssable, cette démarche à nobles jambes et à reins élégants. Des garçons aussi : le garçon en blanc de la via Veneto, douze, treize ans, jambes nues et cou nu, le cou avec cette attache qui n’est pas de chez nous, et l’assurance, mouvements et regards d’une créature qui peut tout affronter comme comparaisons.
« Ce sont ces beaux visages, dit Besnard, qui font chez nous les mauvais peintres. Un coloriste y perd sa joie et ses ressources. Ils ne se prêtent qu’au dessin. Où trouver, ici, une de ses carnations septentrionales qu’une lumière, un reflet, frappe et pénètre de vert, de violet, de bleu ? Allez donc trouver, dans ce pays, un modèle à qui un rayon fasse soudain le menton vert, la joue d’azur, et le sein comme une lampe d’opale ? »
Van Hove a appris à dessiner dans le Sud, mais à peindre dans le Nord.Et voici en conclusion un hommage impertinent de Van Hove au grand maître.
Le thème de toute évidence : jeune femme à sa toilette vue de dos.
Mais aussi la manière de dessiner de Van Hove, dans la mesure où elle est classique italienne comme celle de Degas, avec cependant cette différence, par rapport à ce qui se passe chez ce dernier, que le dessin de Van Hove, toujours préparatoire à sa peinture, va généralement plus dans le détail, au niveau des mains et des pieds, par exemple.
Remarque : si son dessin rattache Van Hove à la même tradition italienne que son plus illustre prédécesseur, tel n’est pas le cas de sa peinture.
A ce sujet, voici un joli texte de Colette parlant des types humains qu'elle peut observer en Italie, puis citant Besnard à propos de peinture :
« Les beaux enfants. Plus beaux qu’on ne saurait dire. Chez certaines petites filles, la coupe de la paupière, l’abondance du regard, le fini du menton, et cette belle forme d’œuf, la pointe en bas, du visage. Des adolescentes émeuvent comme si elles sentaient bon. Tôt moustachues d’ailleurs, et tôt élargies, elles perdent cette finesse périssable, cette démarche à nobles jambes et à reins élégants. Des garçons aussi : le garçon en blanc de la via Veneto, douze, treize ans, jambes nues et cou nu, le cou avec cette attache qui n’est pas de chez nous, et l’assurance, mouvements et regards d’une créature qui peut tout affronter comme comparaisons.
« Ce sont ces beaux visages, dit Besnard, qui font chez nous les mauvais peintres. Un coloriste y perd sa joie et ses ressources. Ils ne se prêtent qu’au dessin. Où trouver, ici, une de ses carnations septentrionales qu’une lumière, un reflet, frappe et pénètre de vert, de violet, de bleu ? Allez donc trouver, dans ce pays, un modèle à qui un rayon fasse soudain le menton vert, la joue d’azur, et le sein comme une lampe d’opale ? »
Van Hove a appris à dessiner dans le Sud, mais à peindre dans le Nord.Et voici en conclusion un hommage impertinent de Van Hove au grand maître.
dimanche 8 juillet 2007
38) La semaine dernière,
à New York où je rendais visite à des amis, j'ai pu voir la collection de Sterling Clark et celle de son frère Stephen exposées ensemble au Metropolitan.
L'aîné, Sterling, aimait la peinture jusqu’aux Impressionnistes, et le cadet l'art moderne presque exclusivement.
Amusant ce jugement de Sterling sur les artistes chers à son frère ennemi : « Bad painters and fakers. »
J’ai regretté que FVH ne soit pas avec moi, surtout pour les Degas et les Renoir de Sterling.
Rentré à Paris et chez Van Hove, j’ai trouvé celle-ci en train de photographier ses derniers tableaux et une quinzaine de ses dessins à la demande de ses galeristes.
Dans son atelier, deux tableaux sont encore en train et attendront la rentrée fin août pour être photographiés à leur tour : un dont j’ai déjà parlé et qui s’appellera « Le Vieux prunier » :
Comme d'habitude pour ce genre de scène, le travail se fait en deux temps bien distincts : d'abord l'exécution du personnage dans l'intimité de l'atelier à Paris, puis celle du coin de nature en plein air, dans la prairie s'étendant derrière la petite maison de grand-mère que le peintre possède à Château-Landon.
La feuille de papier calque qu'on voit à droite sur la toile sert à protéger les parties déjà peintes à cet endroit quand le peintre a besoin d'y prendre appui.
L'autre tableau, jeune femme s'examinant dans un miroir à trois pans, n'a pas encore de titre.
Toujours à la demande de ses galeristes en vue du dossier de presse de son expo de septembre, on a fait quelques photos de son atelier. Dans celle-ci,on voit Marion posant pour "L'Essayage". Remarque : Van Hove n'utilise plus depuis longtemps de ces palettes en bois qu'on trouve maintenant si souvent accrochées au mur comme éléments décoratifs, mais des palettes en papier multifeuille épluchables qu'elle pose sur un grand tabouret à côté d'elle et qui présentent l'avantage d'être légères et, surtout, de ne pas nécessiter de décapages.
L'atelier de Van Hove n'est pas non plus un "vrai" atelier de peintre. La plupart des vrais ateliers de peintre à Paris ont été transformés en appartements. Van Hove a pu faire l'inverse en transformant un appartement juste sous les toits en atelier.
L'aîné, Sterling, aimait la peinture jusqu’aux Impressionnistes, et le cadet l'art moderne presque exclusivement.
Amusant ce jugement de Sterling sur les artistes chers à son frère ennemi : « Bad painters and fakers. »
J’ai regretté que FVH ne soit pas avec moi, surtout pour les Degas et les Renoir de Sterling.
Rentré à Paris et chez Van Hove, j’ai trouvé celle-ci en train de photographier ses derniers tableaux et une quinzaine de ses dessins à la demande de ses galeristes.
Dans son atelier, deux tableaux sont encore en train et attendront la rentrée fin août pour être photographiés à leur tour : un dont j’ai déjà parlé et qui s’appellera « Le Vieux prunier » :
Comme d'habitude pour ce genre de scène, le travail se fait en deux temps bien distincts : d'abord l'exécution du personnage dans l'intimité de l'atelier à Paris, puis celle du coin de nature en plein air, dans la prairie s'étendant derrière la petite maison de grand-mère que le peintre possède à Château-Landon.
La feuille de papier calque qu'on voit à droite sur la toile sert à protéger les parties déjà peintes à cet endroit quand le peintre a besoin d'y prendre appui.
L'autre tableau, jeune femme s'examinant dans un miroir à trois pans, n'a pas encore de titre.
Toujours à la demande de ses galeristes en vue du dossier de presse de son expo de septembre, on a fait quelques photos de son atelier. Dans celle-ci,on voit Marion posant pour "L'Essayage". Remarque : Van Hove n'utilise plus depuis longtemps de ces palettes en bois qu'on trouve maintenant si souvent accrochées au mur comme éléments décoratifs, mais des palettes en papier multifeuille épluchables qu'elle pose sur un grand tabouret à côté d'elle et qui présentent l'avantage d'être légères et, surtout, de ne pas nécessiter de décapages.
L'atelier de Van Hove n'est pas non plus un "vrai" atelier de peintre. La plupart des vrais ateliers de peintre à Paris ont été transformés en appartements. Van Hove a pu faire l'inverse en transformant un appartement juste sous les toits en atelier.
vendredi 22 juin 2007
37) Triptyques, suite
Réponse n°2 à la question "Pourquoi ce thème de la démultiplication des corps" ?
Dans la réalité, même pour des scènes à plusieurs personnages, Van Hove ne travaille jamais qu'en tête-à-tête avec ses modèles. Les cas sont extrêmement rares de séances de pose à deux modèles. Personnellement, je n'en connais qu'un, pour la préparation en dessin d'un hommage à Degas.Pour un tableau comme celui-ci, Van Hove a commencé à chercher des attitudes avec Isabelle, puis avec Johanna, puis avec Céline, puis avec Karen. Quatre personnages, quatre modèles différents = quatre séries de tête-à-tête.
C'est que le thème majeur de Van Hove est l'intimité féminine. Son talent commence d'ailleurs avec sa capacité à donner à son modèle l'impression d'être complètement seule dans l'atelier, et que le peintre, pourrait tout aussi bien ne pas être là.
Une scène de groupe se créé à partir de solitudes. Scènes de groupe de solitudes. L'art d'être intime non pas les unes avec les autres, mais chacune dans son coin.
Voilà comment il faut comprendre ce thème des miroirs triptyque,dans le droit fil de tableaux plus anciens à plusieurs personnages différents : une autre manière d'être complètement seule à plusieurs.
Dans la réalité, même pour des scènes à plusieurs personnages, Van Hove ne travaille jamais qu'en tête-à-tête avec ses modèles. Les cas sont extrêmement rares de séances de pose à deux modèles. Personnellement, je n'en connais qu'un, pour la préparation en dessin d'un hommage à Degas.Pour un tableau comme celui-ci, Van Hove a commencé à chercher des attitudes avec Isabelle, puis avec Johanna, puis avec Céline, puis avec Karen. Quatre personnages, quatre modèles différents = quatre séries de tête-à-tête.
C'est que le thème majeur de Van Hove est l'intimité féminine. Son talent commence d'ailleurs avec sa capacité à donner à son modèle l'impression d'être complètement seule dans l'atelier, et que le peintre, pourrait tout aussi bien ne pas être là.
Une scène de groupe se créé à partir de solitudes. Scènes de groupe de solitudes. L'art d'être intime non pas les unes avec les autres, mais chacune dans son coin.
Voilà comment il faut comprendre ce thème des miroirs triptyque,dans le droit fil de tableaux plus anciens à plusieurs personnages différents : une autre manière d'être complètement seule à plusieurs.
mercredi 20 juin 2007
36) Triptyques
Van Hove a été malade fin mai. Une sale bronchite compliquée d’un méchant mal de dos. Le tout aggravé par le refus du peintre de lâcher ses pinceaux ne serait-ce qu’un seul jour.
Ne mangeant presque plus, elle a beaucoup maigri.
Mais là, ça va mieux. Elle remonte la pente.
La semaine dernière, elle s’est sentie assez bien pour travailler dehors avec un de ses modèles, qui était Marion, et qu’elle a donc emmenée en week-end campagnard à Château-Landon.Le tableau de plein air qu’elle a en vue pour cet été et où Marion apparaîtra lisant assise dans l’herbe et adossée à un arbre a déjà reçu son titre : Le Vieux Prunier.
De mon côté, voyant Van Hove si mal en point, j’avais perdu toute envie de discuter peinture et d’écrire dans ce blog.
Mais, comme je viens de le dire, tout va mieux, et nous y revoilà.
Quel sera le thème de son expo de septembre prochain ? lui ai-je demandé. Car il y a toujours un thème dans ses expositions.
Cette fois-ci, le thème sera la démultiplication des corps de ses modèles dans des miroirs triptyques.
Deux miroirs ont été utilisés. Un petit à glaces biseautées du genre de ceux qu’on trouvait jadis accrochés à un clou dans la cuisine et dont nos grand-pères se servaient pour se raser quand ils n’avaient pas d’autre endroit pour faire leur toilette au temps où les salles de bain étaient encore un luxe et rares. Et un grand en provenance d’un atelier de couture et datant des années 1930, un Brot de 2 mètres de haut, qu’elle a trouvé au Marché aux Puces de Clignancourt… Non, pardon !, pas qu’elle a trouvé, elle, car FVH évite personnellement de mettre les pieds dans tout qui ressemble à un marché aux Puces ou à une brocante ou un vide-grenier, à cause de leur ambiance qu’elle trouve mortuaire. Le seul cimetière où elle se sent à l’aise étant celui de Château-Landon qu’elle considère plus ou moins comme un jardin –du moins, je le suppose- à cause des pots de fleurs qu’elle y apporte et y entretient sur les tombes de ses parents et grands-parents paternels.
Bref, pour en revenir à son triptyque spéculaire de chez Brot : ce sont des amis qui l’ont cherché pour elle dans la réalité, et l’ont finalement déniché aux Puces de Clignancourt après de longues recherches. Un meuble pesant un âne mort, selon les termes du marchand à qui il a été demandé de le livrer à Montparnasse.
Exemple de tableau fait avec le petit miroir à trois pans :Exemple d’un autre avec le grand cette fois :Pourquoi ce thème de la démultiplication des corps ?
C’est quoi, l’idée ?
Réponse n° 1 : commençant toujours par des recherches d’attitudes au crayon, Van Hove se retrouve, automatiquement, au moment de passer à la peinture, devant l'obligation de partir d’un dessin plutôt que d’un autre et d’éliminer. Dilemme. Tant il est vrai que, comme l’a si bien dit Gide, « choisir, ce n’est pas tant élire qu’exclure » et « se priver du reste. » Et doute : même si un dessin lui semble sur le moment mériter plus particulièrement d’être retenu, comment être sûre que c'est vraiment le bon choix ? Car cette jeune femme, Marion ou Céline ou Julia ou Rivka, qu’elle a finalement décidé de représenter de dos à contre-jour, était belle aussi de trois-quarts et sous un autre éclairage…
Dans plusieurs de ses anciens tableaux, Van Hove s’est sortie de ce dilemme en peignant, en même temps que son ou ses personnages « réels », ses dessins préparatoires accrochés au mur de son atelier.
Ne mangeant presque plus, elle a beaucoup maigri.
Mais là, ça va mieux. Elle remonte la pente.
La semaine dernière, elle s’est sentie assez bien pour travailler dehors avec un de ses modèles, qui était Marion, et qu’elle a donc emmenée en week-end campagnard à Château-Landon.Le tableau de plein air qu’elle a en vue pour cet été et où Marion apparaîtra lisant assise dans l’herbe et adossée à un arbre a déjà reçu son titre : Le Vieux Prunier.
De mon côté, voyant Van Hove si mal en point, j’avais perdu toute envie de discuter peinture et d’écrire dans ce blog.
Mais, comme je viens de le dire, tout va mieux, et nous y revoilà.
Quel sera le thème de son expo de septembre prochain ? lui ai-je demandé. Car il y a toujours un thème dans ses expositions.
Cette fois-ci, le thème sera la démultiplication des corps de ses modèles dans des miroirs triptyques.
Deux miroirs ont été utilisés. Un petit à glaces biseautées du genre de ceux qu’on trouvait jadis accrochés à un clou dans la cuisine et dont nos grand-pères se servaient pour se raser quand ils n’avaient pas d’autre endroit pour faire leur toilette au temps où les salles de bain étaient encore un luxe et rares. Et un grand en provenance d’un atelier de couture et datant des années 1930, un Brot de 2 mètres de haut, qu’elle a trouvé au Marché aux Puces de Clignancourt… Non, pardon !, pas qu’elle a trouvé, elle, car FVH évite personnellement de mettre les pieds dans tout qui ressemble à un marché aux Puces ou à une brocante ou un vide-grenier, à cause de leur ambiance qu’elle trouve mortuaire. Le seul cimetière où elle se sent à l’aise étant celui de Château-Landon qu’elle considère plus ou moins comme un jardin –du moins, je le suppose- à cause des pots de fleurs qu’elle y apporte et y entretient sur les tombes de ses parents et grands-parents paternels.
Bref, pour en revenir à son triptyque spéculaire de chez Brot : ce sont des amis qui l’ont cherché pour elle dans la réalité, et l’ont finalement déniché aux Puces de Clignancourt après de longues recherches. Un meuble pesant un âne mort, selon les termes du marchand à qui il a été demandé de le livrer à Montparnasse.
Exemple de tableau fait avec le petit miroir à trois pans :Exemple d’un autre avec le grand cette fois :Pourquoi ce thème de la démultiplication des corps ?
C’est quoi, l’idée ?
Réponse n° 1 : commençant toujours par des recherches d’attitudes au crayon, Van Hove se retrouve, automatiquement, au moment de passer à la peinture, devant l'obligation de partir d’un dessin plutôt que d’un autre et d’éliminer. Dilemme. Tant il est vrai que, comme l’a si bien dit Gide, « choisir, ce n’est pas tant élire qu’exclure » et « se priver du reste. » Et doute : même si un dessin lui semble sur le moment mériter plus particulièrement d’être retenu, comment être sûre que c'est vraiment le bon choix ? Car cette jeune femme, Marion ou Céline ou Julia ou Rivka, qu’elle a finalement décidé de représenter de dos à contre-jour, était belle aussi de trois-quarts et sous un autre éclairage…
Dans plusieurs de ses anciens tableaux, Van Hove s’est sortie de ce dilemme en peignant, en même temps que son ou ses personnages « réels », ses dessins préparatoires accrochés au mur de son atelier.
samedi 12 mai 2007
35) Début des grandes manoeuvres
mardi 8 mai 2007
34) Photo
Chaque tableau est photographié avant sa livraison à la Galerie Blondel, ai-je dit.
Vrai, sauf quand FVH fait preuve de distraction comme cela a été le cas avec cette toile partie aux Etats-Unis sans laisser de trace. Heureusement, les propriétaires, toujours heureux de leur acquisition, et désireux d'acheter un autre tableau, sont récemment passés chez l'artiste et, de retour chez eux à Los Angeles, ont permis de réparer l'oubli en expédiant cette photo :
Vrai, sauf quand FVH fait preuve de distraction comme cela a été le cas avec cette toile partie aux Etats-Unis sans laisser de trace. Heureusement, les propriétaires, toujours heureux de leur acquisition, et désireux d'acheter un autre tableau, sont récemment passés chez l'artiste et, de retour chez eux à Los Angeles, ont permis de réparer l'oubli en expédiant cette photo :
33) Un coin de l'atelier
Suite à mes messages sur Praxitèle, un « FVH fan » m’écrit :
« Bonjour,
Juste pour anecdote, il existe un peplum de la grande époque dont le personnage central est Praxitèle. Comme quoi, il aura aussi fait du cinéma!
Pour changer tout à fait de sujet, je souhaite depuis longtemps être une souris dans l'atelier de Madame van Hove afin de pouvoir observer le processus de création de A à Z. Cependant - et nous touchons là une question d'une importance capitale – je subodore qu'avec l'empilement de toiles en train de sécher, de dessins préparatoires et d'objets tels que lampes, chaises, coussins etc... l'atelier de l'artiste soit un chouya foutoiresque. Suis-je mauvaise langue ou clairvoyant?
Et enfin, un grand merci pour ce blog! »
Réponse :
"Il est vrai que son atelier est encombré, surtout en ce moment, à seulement quatre mois de sa prochaine exposition (en septembre 2007). Mais là n'est pas la raison pour laquelle elle n'y reçoit jamais personne à part ses modèles : c'est un espace absolument privé.
Photo d’un coin de cet atelier.Détaillons :
- Au premier plan, un vieux radiateur. Il s’agit d’un des quatre appareils dont Van Hove entoure son modèle en cours de pose généralement déshabillée et frileuse.
- Derrière le radiateur, en petit et en jaune et orange : une bombe de fixatif pour pastels et fusain.
- Une lampe sur pied. Cette lampe, avec une autre, sert habituellement pour prendre des ektas des tableaux une fois terminés avant leur départ pour la Galerie Blondel. Mais là, elle « pose » pour un tableau qui sera intitulé « L’Invention de la peinture ».
- A la verticale contre le mur : un tableau en cours d'élaboration à un seul personnage ; le modèle est Julia.
- Collés au mur : deux dessins préparatoires pour une autre toile sur laquelle on verra Marion devant le miroir triptyque en pied dont il a été question dans le message précédent et qui est un Brot des années 1930.
- Un tableau terminé avec Céline : « Dos à dos à dos ».
- La porte à droite mène à la cuisine des modèles et à « la machine à café de Marion ».
« Bonjour,
Juste pour anecdote, il existe un peplum de la grande époque dont le personnage central est Praxitèle. Comme quoi, il aura aussi fait du cinéma!
Pour changer tout à fait de sujet, je souhaite depuis longtemps être une souris dans l'atelier de Madame van Hove afin de pouvoir observer le processus de création de A à Z. Cependant - et nous touchons là une question d'une importance capitale – je subodore qu'avec l'empilement de toiles en train de sécher, de dessins préparatoires et d'objets tels que lampes, chaises, coussins etc... l'atelier de l'artiste soit un chouya foutoiresque. Suis-je mauvaise langue ou clairvoyant?
Et enfin, un grand merci pour ce blog! »
Réponse :
"Il est vrai que son atelier est encombré, surtout en ce moment, à seulement quatre mois de sa prochaine exposition (en septembre 2007). Mais là n'est pas la raison pour laquelle elle n'y reçoit jamais personne à part ses modèles : c'est un espace absolument privé.
Photo d’un coin de cet atelier.Détaillons :
- Au premier plan, un vieux radiateur. Il s’agit d’un des quatre appareils dont Van Hove entoure son modèle en cours de pose généralement déshabillée et frileuse.
- Derrière le radiateur, en petit et en jaune et orange : une bombe de fixatif pour pastels et fusain.
- Une lampe sur pied. Cette lampe, avec une autre, sert habituellement pour prendre des ektas des tableaux une fois terminés avant leur départ pour la Galerie Blondel. Mais là, elle « pose » pour un tableau qui sera intitulé « L’Invention de la peinture ».
- A la verticale contre le mur : un tableau en cours d'élaboration à un seul personnage ; le modèle est Julia.
- Collés au mur : deux dessins préparatoires pour une autre toile sur laquelle on verra Marion devant le miroir triptyque en pied dont il a été question dans le message précédent et qui est un Brot des années 1930.
- Un tableau terminé avec Céline : « Dos à dos à dos ».
- La porte à droite mène à la cuisine des modèles et à « la machine à café de Marion ».
lundi 7 mai 2007
32) Apprendre à voir les fleurs
Elle "voit" tellement les fleurs que, souvent, elle ne voit rien d'autre.
Un jour, elle me dit qu’elle aurait besoin d’un miroir triptyque en pied. Quelle sorte de miroir triptyque en pied ? Quel style ? Je l’invite à m’accompagner aux Puces de Clignancourt où j'imagine que nous aurons le choix. Mais j’ai tort : nous n'avons encore rien trouvé au bout de deux heures de déambulation.
Tout à coup, cependant, FVH se fige : « Ah, enfin ! » me dis-je.
« Où ? » lui demandé-je, en hésitant entre les deux petites boutiques en face desquelles elle est tombée en arrêt.
« Non-non, me répond-elle, je regardais ça ».
Et elle me désigne un rosier grimpant sur l’étroit pan de mur entre les deux boutiques.
(Nous rentrerons bredouilles tout de suite après. Je soupçonne FVH de m’avoir suivi en prêtant aussi peu attention aux objets que moi à la végétation du lieu. Et d’ailleurs, elle se sent toujours très mal à l’aise aux Puces et dans les cimetières en général -sauf dans celui de Château-Landon où reposent ses ancêtres-. Je dénicherai ce qu'il lui faut au cours d’une autre expédition à laquelle je ne lui suggèrerai même pas de participer.)
Souvent, encore, en arrivant à sa maison de campagne, elle oublie simplement d’entrer… pour s’occuper tout de suite de sa clématite et de ses rosiers, sous la pluie éventuellement.
Un jour, elle me dit qu’elle aurait besoin d’un miroir triptyque en pied. Quelle sorte de miroir triptyque en pied ? Quel style ? Je l’invite à m’accompagner aux Puces de Clignancourt où j'imagine que nous aurons le choix. Mais j’ai tort : nous n'avons encore rien trouvé au bout de deux heures de déambulation.
Tout à coup, cependant, FVH se fige : « Ah, enfin ! » me dis-je.
« Où ? » lui demandé-je, en hésitant entre les deux petites boutiques en face desquelles elle est tombée en arrêt.
« Non-non, me répond-elle, je regardais ça ».
Et elle me désigne un rosier grimpant sur l’étroit pan de mur entre les deux boutiques.
(Nous rentrerons bredouilles tout de suite après. Je soupçonne FVH de m’avoir suivi en prêtant aussi peu attention aux objets que moi à la végétation du lieu. Et d’ailleurs, elle se sent toujours très mal à l’aise aux Puces et dans les cimetières en général -sauf dans celui de Château-Landon où reposent ses ancêtres-. Je dénicherai ce qu'il lui faut au cours d’une autre expédition à laquelle je ne lui suggèrerai même pas de participer.)
Souvent, encore, en arrivant à sa maison de campagne, elle oublie simplement d’entrer… pour s’occuper tout de suite de sa clématite et de ses rosiers, sous la pluie éventuellement.
mercredi 18 avril 2007
31) Praxitèle (2)
A l'expo Praxitèle au Louvre avec Van Hove : observant avec quelle délectation FVH regarde et s'attarde, par exemple, sur les quatre copies de tête de Vénus du premier stand pour déterminer laquelle est la plus touchante et peut-être la plus proche de l'original (disparu), je pensai à ce livre que j'avais trouvé d'occasion chez un libraire du 6e arrondissement de Paris.
Voir s’apprend.
« Saper vedere », dans la langue maternelle de l’auteur, feu Matteo Marangoni.
Van Hove a appris à voir avec cette sculpture-là. Puis avec les Renaissants italiens et les Flamands du XVe. Et, surtout, elle est restée dans cette école dite académique en évitant -de justesse- de désapprendre au contact de l'art abstrait qui régnait de façon écrasante à l'époque de sa formation (les années 1960).
Qu'aime-t-on dans la peinture de Van Hove quand on la "voit" ? Personnellement, j'aimerais bien le savoir.
J'imagine a priori que beaucoup de ses fans partagent son amour des fleurs.
Les jeunes femmes de Van Hove sont d'ailleurs elles-mêmes des espèces de fleurs praxitélianisantes. C'est la raison pour laquelle elles doivent toutes être jeunes et jolies et de complexion claire.
Voir s’apprend.
« Saper vedere », dans la langue maternelle de l’auteur, feu Matteo Marangoni.
Van Hove a appris à voir avec cette sculpture-là. Puis avec les Renaissants italiens et les Flamands du XVe. Et, surtout, elle est restée dans cette école dite académique en évitant -de justesse- de désapprendre au contact de l'art abstrait qui régnait de façon écrasante à l'époque de sa formation (les années 1960).
Qu'aime-t-on dans la peinture de Van Hove quand on la "voit" ? Personnellement, j'aimerais bien le savoir.
J'imagine a priori que beaucoup de ses fans partagent son amour des fleurs.
Les jeunes femmes de Van Hove sont d'ailleurs elles-mêmes des espèces de fleurs praxitélianisantes. C'est la raison pour laquelle elles doivent toutes être jeunes et jolies et de complexion claire.
mardi 17 avril 2007
30) Praxitèle
Il y a trois semaines, FVH est allée visiter l’exposition du Louvre sur Praxitèle (23 mars-18 juin 2007). Les oeuvres originales ayant toutes disparu au cours des siècles à l’exception -peut-être- d’une grosse tête très abîmée, ne sont disponibles dans la réalité que des copies et des copies de copies romaines : que des reflets plus ou moins lointains autrement dit, dont certains sont de toute façon admirables et valent amplement le déplacement.
Les panneaux explicatifs sont nombreux et à lire absolument. J’y ai relevé une phrase qui va comme un gant aux personnages de Van Hove : « un charme juvénile, une familiarité finalement distante, un corps engagé dans une action sans trop de conviction, une composition dont l’enveloppe classique contient des éléments qui ne le sont plus (…) »
C’était à propos de la statue de femme drapée dite « Diane de Gabies », dont il était également écrit : « une composition fermée à découvrir d’un point privilégié ». Et il est vrai qu’il existe des sculptures qui s’apprécient mieux sous un angle que sous tous les autres et se rapprochent ainsi de la peinture. Tandis qu’il est des peintures qui font le chemin inverse en permettant de tourner autour du sujet grâce à un miroir. Ce tableau récent de FVH, par exemple, intitulé « Dos à dos à dos ».
Les panneaux explicatifs sont nombreux et à lire absolument. J’y ai relevé une phrase qui va comme un gant aux personnages de Van Hove : « un charme juvénile, une familiarité finalement distante, un corps engagé dans une action sans trop de conviction, une composition dont l’enveloppe classique contient des éléments qui ne le sont plus (…) »
C’était à propos de la statue de femme drapée dite « Diane de Gabies », dont il était également écrit : « une composition fermée à découvrir d’un point privilégié ». Et il est vrai qu’il existe des sculptures qui s’apprécient mieux sous un angle que sous tous les autres et se rapprochent ainsi de la peinture. Tandis qu’il est des peintures qui font le chemin inverse en permettant de tourner autour du sujet grâce à un miroir. Ce tableau récent de FVH, par exemple, intitulé « Dos à dos à dos ».
mercredi 21 mars 2007
29) "Racontars d'un rapin"
L'autre jour, dans son atelier, FVH me fait lire un passage des "Racontars de rapin" de Paul Gauguin. C'était sur le dessin de Renoir.
"Un peintre qui n'a jamais su dessiner mais qui dessine bien, c'est Renoir (...)
Chez Renoir, rien n'est en place : ne cherchez pas la ligne, elle n'existe pas; comme par magie, une jolie tache de couleur, une lumière caressante parlent suffisamment. Sur les joues comme sur une pêche, un léger duvet ondule, animé par la brise d'amour qui raconte aux oreilles sa musique. On voudrait mordre à la cerise qui exprime la bouche et, à travers le rire, perle la petite quenotte blanche et aiguisée. Prenez garde, elle mord cruellement; c'est une quenotte de femme.
Divin Renoir qui ne sait pas dessiner."
Il y a dessin et dessin.
Il y a des gens dont le talent consiste à "bien dessiner", et il y en a d'autres dont le talent consiste à "non dessiner" comme Renoir d'après Gauguin, ou à (très bien) "mal dessiner" comme Millet, toujours d'après Gauguin, et comme le divin Gauguin lui-même d'après moi, si je puis me permettre.
Aujourd'hui, on peut dessiner "très bien" de toutes sortes de façons, "bien" ou "mal", sachant quand même qu'officiellement, aux yeux de la critique du haut du pavé, il n'est plus admis de "bien" dessiner, même très bien : plus admis, plus toléré. Alors que dessiner comme Renoir ou Monet, ou comme Gauguin, ça, ça va encore, ça passe encore.
Après avoir discuté de cela avec FVH, j'ai regardé ce qu'elle avait en chantier.
Un des tableaux encore au stade des dessins préparatoires montrera Marion s'observant dans une grande glace, après s'être enroulé un châle indien autour de la taille.
Un second modèle, Céline, à droite sur le tableau, la regardera se regarder.
"Un peintre qui n'a jamais su dessiner mais qui dessine bien, c'est Renoir (...)
Chez Renoir, rien n'est en place : ne cherchez pas la ligne, elle n'existe pas; comme par magie, une jolie tache de couleur, une lumière caressante parlent suffisamment. Sur les joues comme sur une pêche, un léger duvet ondule, animé par la brise d'amour qui raconte aux oreilles sa musique. On voudrait mordre à la cerise qui exprime la bouche et, à travers le rire, perle la petite quenotte blanche et aiguisée. Prenez garde, elle mord cruellement; c'est une quenotte de femme.
Divin Renoir qui ne sait pas dessiner."
Il y a dessin et dessin.
Il y a des gens dont le talent consiste à "bien dessiner", et il y en a d'autres dont le talent consiste à "non dessiner" comme Renoir d'après Gauguin, ou à (très bien) "mal dessiner" comme Millet, toujours d'après Gauguin, et comme le divin Gauguin lui-même d'après moi, si je puis me permettre.
Aujourd'hui, on peut dessiner "très bien" de toutes sortes de façons, "bien" ou "mal", sachant quand même qu'officiellement, aux yeux de la critique du haut du pavé, il n'est plus admis de "bien" dessiner, même très bien : plus admis, plus toléré. Alors que dessiner comme Renoir ou Monet, ou comme Gauguin, ça, ça va encore, ça passe encore.
Après avoir discuté de cela avec FVH, j'ai regardé ce qu'elle avait en chantier.
Un des tableaux encore au stade des dessins préparatoires montrera Marion s'observant dans une grande glace, après s'être enroulé un châle indien autour de la taille.
Un second modèle, Céline, à droite sur le tableau, la regardera se regarder.
28) Deux nouvelles questions de Laura
Ne pourrait-on pas organiser une exposition de l'ensemble de l'oeuvre de Francine Van Hove (les 400 toiles dont vous venez de parler) ?
Si, et je suis sûr qu'une telle manifestation remporterait un grand succès public, sinon critique. Mais qui "on" ? Pas le galeriste Alain Blondel pour qui ce ne serait pas rentable et qui préfère montrer des toiles récentes et encore à vendre pour des raisons économiques évidentes et justifiées. Pas je ne sais quel musée, FVH ne semblant pas encore intéresser ce genre d'institution culturelle (aucun Van Hove dans aucun musée jusqu'à présent, à ma connaissance du moins). Personnellement, je suis sûr qu'une telle exposition aura lieu dans l'avenir, et je la "vois" au Luxembourg, au Musée du Luxembourg, à deux pas du Jardin si cher au coeur de l'artiste. Mais quand ? Si je "vois" cette expo, je suis incapable de prédire une date. Je sais seulement que cette expo aura lieu et que je m'y rends en traversant le Luco.
En attendant, "petit à petit, Van Hove fait son nid".
Deuxième question : pourriez-vous montrer des oeuvres récentes dans votre blog ?
Non, car la primeur de ces oeuvres récentes est réservée à Alain Blondel et à l'exposition que lui et Michèle sont en train de préparer pour dans 6 mois dans leur galerie de la rue Vieille-du-Temple.
Pour le moment, j'en suis réduit à parler du passé. Et comme je n'aime pas publier des mots seulement, voici une photo historique justement que je trouve magnifique et émouvante : celle d'Elisabeth Houy, arrière-arrière-arrière grand-mère de Francine, prise à Château-Landon. (Cliquez dessus pour mieux voir.)
Si, et je suis sûr qu'une telle manifestation remporterait un grand succès public, sinon critique. Mais qui "on" ? Pas le galeriste Alain Blondel pour qui ce ne serait pas rentable et qui préfère montrer des toiles récentes et encore à vendre pour des raisons économiques évidentes et justifiées. Pas je ne sais quel musée, FVH ne semblant pas encore intéresser ce genre d'institution culturelle (aucun Van Hove dans aucun musée jusqu'à présent, à ma connaissance du moins). Personnellement, je suis sûr qu'une telle exposition aura lieu dans l'avenir, et je la "vois" au Luxembourg, au Musée du Luxembourg, à deux pas du Jardin si cher au coeur de l'artiste. Mais quand ? Si je "vois" cette expo, je suis incapable de prédire une date. Je sais seulement que cette expo aura lieu et que je m'y rends en traversant le Luco.
En attendant, "petit à petit, Van Hove fait son nid".
Deuxième question : pourriez-vous montrer des oeuvres récentes dans votre blog ?
Non, car la primeur de ces oeuvres récentes est réservée à Alain Blondel et à l'exposition que lui et Michèle sont en train de préparer pour dans 6 mois dans leur galerie de la rue Vieille-du-Temple.
Pour le moment, j'en suis réduit à parler du passé. Et comme je n'aime pas publier des mots seulement, voici une photo historique justement que je trouve magnifique et émouvante : celle d'Elisabeth Houy, arrière-arrière-arrière grand-mère de Francine, prise à Château-Landon. (Cliquez dessus pour mieux voir.)
lundi 19 mars 2007
27) Réponses à Laura
A quand la prochaine exposition de Francine Van Hove ? En septembre 2007.
Combien y aura-t-il de peintures récentes ? Environ une quinzaine.
Combien de Van Hove ont-ils été vendus jusqu'ici ? Environ 400.
FVH se rappelle-t-elle chacun d'eux ? Oui, grâce aux photos qu'elle en prend elle-même avant de les livrer à sa galerie -Alain Blondel aujourd'hui depuis 1980-... quand elle n'oublie pas de le faire.
Combien de temps pour un tableau ? 2 mois en moyenne, sachant que sa technique des glacis exige des alternances régulières de temps d'exécution et de temps de séchage et que 6 mois -et parfois plus- peuvent s'écouler entre le début et l'achèvement d'une toile particulière. "Petit à petit, l'oiseau fait son nid", dit-elle souvent.
FVH a-t-elle d'autres animaux familiers que des chats ? Non, seulement des chats (souvent perchés).Mais peut-être, et même sans doute, aurait-elle aussi un chien si elle vivait continûment à la campagne, ce qui n'est pas le cas.
Combien y aura-t-il de peintures récentes ? Environ une quinzaine.
Combien de Van Hove ont-ils été vendus jusqu'ici ? Environ 400.
FVH se rappelle-t-elle chacun d'eux ? Oui, grâce aux photos qu'elle en prend elle-même avant de les livrer à sa galerie -Alain Blondel aujourd'hui depuis 1980-... quand elle n'oublie pas de le faire.
Combien de temps pour un tableau ? 2 mois en moyenne, sachant que sa technique des glacis exige des alternances régulières de temps d'exécution et de temps de séchage et que 6 mois -et parfois plus- peuvent s'écouler entre le début et l'achèvement d'une toile particulière. "Petit à petit, l'oiseau fait son nid", dit-elle souvent.
FVH a-t-elle d'autres animaux familiers que des chats ? Non, seulement des chats (souvent perchés).Mais peut-être, et même sans doute, aurait-elle aussi un chien si elle vivait continûment à la campagne, ce qui n'est pas le cas.
lundi 12 mars 2007
26) Van Hove et Bernar
Il y a dessiner et dessiner. Il y a la manière de FvH, et il y a, parmi d'innombrables autres manières, celle de son frère Bernar qu’elle admirait sans réserve quand il se donnait la peine de… se donner la peine, ce qui n’était pas toujours le cas. (Un jour de 2006, Bernar ne s’est même plus donné la peine de vivre.)
Francine Van Hove et Bernar étaient très liés.
Les voici photographiés devant la maison de leurs parents à Château-Landon dans les années 70.
A un moment, la France entière a pu admirer le talent de Bernar puisqu’il était l’auteur des portraits du générique de l’émission de Laurent Ruquier « On a tout essayé » sur France 2, jusqu’à ce qu’on ne sait qui dans l’équipe ait eu la mauvaise idée d’andywharoliser ce générique. Mauvaise idée qui a valu à Bernar cet hommage délicat de la part de son confrère Philippe Geluck : "Vous avez remarqué que le générique a changé. Maintenant, ce sont des photos trafiquées. Je suis très content, parce qu'auparavant, c'étaient des dessins faits par un dessinateur qui a beaucoup de talent et ça m'énervait."
La mort de Bernar a été saluée par un très bel article de Philippe Val dans Charlie Hebdo dont il était un des chroniqueurs réguliers, au centre d’une magnifique double page rassemblant une soixantaine de ses… on hésite à dire caricatures.
Van Hove et Bernar : j’en reparlerai.
Francine Van Hove et Bernar étaient très liés.
Les voici photographiés devant la maison de leurs parents à Château-Landon dans les années 70.
A un moment, la France entière a pu admirer le talent de Bernar puisqu’il était l’auteur des portraits du générique de l’émission de Laurent Ruquier « On a tout essayé » sur France 2, jusqu’à ce qu’on ne sait qui dans l’équipe ait eu la mauvaise idée d’andywharoliser ce générique. Mauvaise idée qui a valu à Bernar cet hommage délicat de la part de son confrère Philippe Geluck : "Vous avez remarqué que le générique a changé. Maintenant, ce sont des photos trafiquées. Je suis très content, parce qu'auparavant, c'étaient des dessins faits par un dessinateur qui a beaucoup de talent et ça m'énervait."
La mort de Bernar a été saluée par un très bel article de Philippe Val dans Charlie Hebdo dont il était un des chroniqueurs réguliers, au centre d’une magnifique double page rassemblant une soixantaine de ses… on hésite à dire caricatures.
Van Hove et Bernar : j’en reparlerai.
jeudi 8 mars 2007
25) Le dessin de Rivka
lundi 19 février 2007
24) Le dessin de Julia
Quand ses modèles se marient ou franchissent le cap des dix années de travail avec elle, FVH leur fait cadeau d’un dessin de leur choix.
L’autre jour, la récipiendaire Julia, après avoir balancé pendant des mois entre ce dessin et cet autre, s'est finalement décidée pour le premier.
Pourquoi pas le second ? Question intéressante.
Parce que c’est petit chez elle, expliqua Julia. Parce que ce dessin-là, le second, aurait été trop présent dans son intérieur. Parce que les gens auraient pu ne pas comprendre. Parce qu’ils risquaient d’y voir un portrait d’elle avant d’y voir un Van Hove. Parce que c’était un Van Hove qu’elle voulait, et pas un portrait d’elle. Pas elle toute nue, mais un dessin signé Van Hove. Parce que ce nu en pied, c’aurait été « trop » chez elle. Alors que dans une galerie, dans la prochaine expo chez Blondel, par exemple, parmi d’autres nus d’après d’autres modèles, ça, oui. Ou alors dans un autre intérieur que le sien parmi d’autres dessins ou peintures.
L’autre jour, la récipiendaire Julia, après avoir balancé pendant des mois entre ce dessin et cet autre, s'est finalement décidée pour le premier.
Pourquoi pas le second ? Question intéressante.
Parce que c’est petit chez elle, expliqua Julia. Parce que ce dessin-là, le second, aurait été trop présent dans son intérieur. Parce que les gens auraient pu ne pas comprendre. Parce qu’ils risquaient d’y voir un portrait d’elle avant d’y voir un Van Hove. Parce que c’était un Van Hove qu’elle voulait, et pas un portrait d’elle. Pas elle toute nue, mais un dessin signé Van Hove. Parce que ce nu en pied, c’aurait été « trop » chez elle. Alors que dans une galerie, dans la prochaine expo chez Blondel, par exemple, parmi d’autres nus d’après d’autres modèles, ça, oui. Ou alors dans un autre intérieur que le sien parmi d’autres dessins ou peintures.
vendredi 16 février 2007
23) Réponse à Sejan
Merci pour ce long commentaire dont je me permettrai de ne retenir que les réflexions sur Picasso et Rembrandt à propos de dessin.
Quand elle est au Louvre et qu’elle se retrouve dans la salle des Rembrandt, FVH s’arrête toujours longuement devant les portraits du maître, y compris ses autoportraits et le portrait de Saskia dans le rôle de Bethsabée au bain. Sa peinture –seulement les sujets profanes, à l’exclusion des religieux- l’émerveille. Ses dessins l’intéressent nettement moins en revanche, et elle n’est allé voir ni l’exposition du Louvre « Rembrandt dessinateur », ni celle de l’Institut Néerlandais mentionnée par Sejan.
Dans le cas de Picasso, c’est l’inverse : autant ses dessins l’impressionnent, autant sa peinture l’indiffère.
Elle ne dit pas que les dessins de Rembrandt et la peinture de Picasso ne sont pas dignes d’intérêt : seulement que, elle, FVH, qui a peu de temps et d’énergie à consacrer à des expositions…
Elle a lu ce qu’Eugène Fromentin a écrit sur Rembrandt et a le même sentiment, en ce qui concerne les tableaux de ce dernier, de se trouver devant un travail d’alchimiste.
Picasso, lui, n’est pas un alchimiste, mais un sorcier, avec ce que cela comporte de roublardise occasionnelle.
À propos de Rembrandt, on peut aussi lire Roger de Piles, théoricien de l’art du XVIIe siècle, à qui l’on doit un classement des peintres selon les quatre critères de la composition, du dessin, de la couleur et de l’expression, et où le maître flamand se voit noté 6 sur 20 en dessin mais 17 pour la couleur (contre 18 et 12 pour Raphaël).
Raphaël… Faut-il croire Picasso quand il affirme avoir dessiné comme lui dès l’enfance ? On ne peut que réserver son jugement et même douter sachant que la collection de dessins de jeunesse qu'il a léguée au Musée de Barcelone est vide de crayonnages antérieurs à 1891, année de ses 10 ans.
Pour en revenir à Roger de Piles, rien de plus facile que de se moquer de son classement et de son « Cours de peinture par principes » de 1708. Il n’en reste pas moins que certains peintres sont effectivement plus dessinateurs que d'autres, comme Raphaël -ou Picasso-, versus Rembrandt ou Pierre Bonnard.
Van Hove , quant à elle, a choisi de suivre, en disciple admirative, les traces de Raphaël, Léonard de Vinci, Michel-Ange et autres Renaissants italiens. Appelons cela la voie de Raphaël.
Quand elle est au Louvre et qu’elle se retrouve dans la salle des Rembrandt, FVH s’arrête toujours longuement devant les portraits du maître, y compris ses autoportraits et le portrait de Saskia dans le rôle de Bethsabée au bain. Sa peinture –seulement les sujets profanes, à l’exclusion des religieux- l’émerveille. Ses dessins l’intéressent nettement moins en revanche, et elle n’est allé voir ni l’exposition du Louvre « Rembrandt dessinateur », ni celle de l’Institut Néerlandais mentionnée par Sejan.
Dans le cas de Picasso, c’est l’inverse : autant ses dessins l’impressionnent, autant sa peinture l’indiffère.
Elle ne dit pas que les dessins de Rembrandt et la peinture de Picasso ne sont pas dignes d’intérêt : seulement que, elle, FVH, qui a peu de temps et d’énergie à consacrer à des expositions…
Elle a lu ce qu’Eugène Fromentin a écrit sur Rembrandt et a le même sentiment, en ce qui concerne les tableaux de ce dernier, de se trouver devant un travail d’alchimiste.
Picasso, lui, n’est pas un alchimiste, mais un sorcier, avec ce que cela comporte de roublardise occasionnelle.
À propos de Rembrandt, on peut aussi lire Roger de Piles, théoricien de l’art du XVIIe siècle, à qui l’on doit un classement des peintres selon les quatre critères de la composition, du dessin, de la couleur et de l’expression, et où le maître flamand se voit noté 6 sur 20 en dessin mais 17 pour la couleur (contre 18 et 12 pour Raphaël).
Raphaël… Faut-il croire Picasso quand il affirme avoir dessiné comme lui dès l’enfance ? On ne peut que réserver son jugement et même douter sachant que la collection de dessins de jeunesse qu'il a léguée au Musée de Barcelone est vide de crayonnages antérieurs à 1891, année de ses 10 ans.
Pour en revenir à Roger de Piles, rien de plus facile que de se moquer de son classement et de son « Cours de peinture par principes » de 1708. Il n’en reste pas moins que certains peintres sont effectivement plus dessinateurs que d'autres, comme Raphaël -ou Picasso-, versus Rembrandt ou Pierre Bonnard.
Van Hove , quant à elle, a choisi de suivre, en disciple admirative, les traces de Raphaël, Léonard de Vinci, Michel-Ange et autres Renaissants italiens. Appelons cela la voie de Raphaël.
vendredi 9 février 2007
22) Au CNEA (2)
Je dirai un peu plus tard pourquoi, dans ce blog sur Van Hove, j’écris sur le CNEA.
Le CNEA est une association Loi 1901 qui fait du lobbying pour la défense et la promotion des enseignements artistiques en milieu scolaire de la maternelle à l’université, les enseignements en question étant, principalement mais non exclusivement, la musique et l’art pictural (dessin et arts plastiques).
À l’époque où j’ai connu son Secrétaire Général, Alain Casabona, le CNEA avait ses bureaux dans un immeuble bourgeois et ordinaire du côté de la rue du Bac. Mais en 2002, Alain a pu s'installer avec sa petite équipe là où Pablo Picasso a peint Guernica en 1937, à savoir dans un atelier au dernier étage d’un hôtel du XVIe siècle situé 7, rue des Grands-Augustins, dans le 6e arrondissement de Paris, à deux pas de la Seine (visite gratuite et sur rendez-vous recommandée). Photo ci-dessous. Pablo Picasso : Alain Casabona, qui est toujours à la recherche de célébrités pour cautionner son action, ne pouvait rêver mieux comme renfort tutélaire.
Maintenant, voici une photo prise dans l’Atelier et qui résume ce en quoi le cas CNEA-Alain Casabona me semble fascinant : À gauche, on voit le piano sur lequel Alain semble capable de jouer tout ce que l’histoire de la musique compte de chefs-d’œuvre classiques et de faire revivre cette tradition avec une passion communicative. À droite, l'affiche de l'exposition de Picasso qui a eu lieu à Milan en 1953, complétée par une série de reproductions de dessins sur le même thème de "Guernica" accrochées tout autour de la pièce.
A gauche, la musique classique toujours au pinacle comme pratique artistique. A droite, la peinture moderne et, allant de pair avec la promotion de cet art, le bannissement de la peinture classique comme pratique.
Au CNEA et dans l'ensemble de notre société, on peut continuer à jouer du piano comme au XIXe siècle, mais plus question de dessiner comme Ingres ou Raphaël.
Ce que je voudrais ajouter ici, ce sont les citations suivantes concernant Picasso avec qui je sais Alain Casabona totalement et pieusement en phase :
C’est Brassaï qui raconte : "Un jour que je visitais une exposition de dessins d’enfants en compagnie de Picasso, celui-ci me dit : « Quand j’avais leur âge, je dessinais comme Raphaël, mais il m’a fallu toute une vie pour dessiner comme eux. »
« Picasso se plaignait de n’avoir jamais su peindre comme un enfant.» (Extrait de « Le Printemps des génies, les enfants prodiges », ouvrage édité par la Bibliothèque Nationale et Robert Laffont en 1993.)
« Mes tout premiers dessins n’auraient jamais pu figurer dans une exposition de dessins d’enfants. » (Id.)
« Une chose curieuse, c’est que je n’ai jamais fait de dessins d’enfant. Jamais. » (Id.)
Le CNEA est une association Loi 1901 qui fait du lobbying pour la défense et la promotion des enseignements artistiques en milieu scolaire de la maternelle à l’université, les enseignements en question étant, principalement mais non exclusivement, la musique et l’art pictural (dessin et arts plastiques).
À l’époque où j’ai connu son Secrétaire Général, Alain Casabona, le CNEA avait ses bureaux dans un immeuble bourgeois et ordinaire du côté de la rue du Bac. Mais en 2002, Alain a pu s'installer avec sa petite équipe là où Pablo Picasso a peint Guernica en 1937, à savoir dans un atelier au dernier étage d’un hôtel du XVIe siècle situé 7, rue des Grands-Augustins, dans le 6e arrondissement de Paris, à deux pas de la Seine (visite gratuite et sur rendez-vous recommandée). Photo ci-dessous. Pablo Picasso : Alain Casabona, qui est toujours à la recherche de célébrités pour cautionner son action, ne pouvait rêver mieux comme renfort tutélaire.
Maintenant, voici une photo prise dans l’Atelier et qui résume ce en quoi le cas CNEA-Alain Casabona me semble fascinant : À gauche, on voit le piano sur lequel Alain semble capable de jouer tout ce que l’histoire de la musique compte de chefs-d’œuvre classiques et de faire revivre cette tradition avec une passion communicative. À droite, l'affiche de l'exposition de Picasso qui a eu lieu à Milan en 1953, complétée par une série de reproductions de dessins sur le même thème de "Guernica" accrochées tout autour de la pièce.
A gauche, la musique classique toujours au pinacle comme pratique artistique. A droite, la peinture moderne et, allant de pair avec la promotion de cet art, le bannissement de la peinture classique comme pratique.
Au CNEA et dans l'ensemble de notre société, on peut continuer à jouer du piano comme au XIXe siècle, mais plus question de dessiner comme Ingres ou Raphaël.
Ce que je voudrais ajouter ici, ce sont les citations suivantes concernant Picasso avec qui je sais Alain Casabona totalement et pieusement en phase :
C’est Brassaï qui raconte : "Un jour que je visitais une exposition de dessins d’enfants en compagnie de Picasso, celui-ci me dit : « Quand j’avais leur âge, je dessinais comme Raphaël, mais il m’a fallu toute une vie pour dessiner comme eux. »
« Picasso se plaignait de n’avoir jamais su peindre comme un enfant.» (Extrait de « Le Printemps des génies, les enfants prodiges », ouvrage édité par la Bibliothèque Nationale et Robert Laffont en 1993.)
« Mes tout premiers dessins n’auraient jamais pu figurer dans une exposition de dessins d’enfants. » (Id.)
« Une chose curieuse, c’est que je n’ai jamais fait de dessins d’enfant. Jamais. » (Id.)
mercredi 31 janvier 2007
21) Au CNEA
Avant-hier (lundi 29 janvier), je suis allé au Grenier des Grands-Augustins où Alain Casabona et Patrick Renaudot présentaient -et dédicaçaient- leur livre "Le Grenier aux merveilles". Patrick Renaudot, je ne connaissais pas, mais Alain Casabona, si, à cause du CNEA, Comité National pour l'Education Artistique, auquel je m'intéresse depuis plusieurs années et dont il est l'âme, avec le titre de Secrétaire ou Délégué Général.
Alain n'en est pas à son coup d'essai littéraire, puisqu'il avait déjà publié en 1993 un livre illustré avec des dessins de Dubout encore inédits à l'époque. Ca s'appelait : "Histoires à dormir Dubout : Espèces d'en mer". On le voit ici entre Jean Lacouture, qui a préfacé son livre, et Patrick Renaudot, le co-auteur.
Alain écrit très bien. Il est aussi excellent musicien, capable de jouer le Concerto opus 19 de Beethoven ou de s'attaquer aux Tableaux d'une exposition de Moussorgski au débotté, sans partition; je l'ai vu faire à plusieurs reprises : bluffant. Avant son accident de moto survenu quand il avait dans les vingt ans et au cours duquel il s'est cassé les deux poignets, il était destiné à une carrière de concertiste.
Les concerts de musique qu'il organise au Grenier ou en ville sont du plus haut niveau. Je me rappelle en particulier une soirée avec Evgueny Kissin au Théâtre des Champs-Elysées.
Au Grenier, il organise aussi des événements théâtraux, chorégraphiques, des lectures, des séminaires, etc. Tous d'une qualité de réalisation extraordinaire.
Supérieurement cultivé en musique, Alain l'est aussi en dessin et peinture où son goût me semble aussi sûr et qu'exquis. C'est toujours passionnant de discuter avec lui, sauf que la peinture classique, du niveau de classicisme de sa musique, n'a pas l'air de l'intéresser, et, ayant essayé de le faire se prononcer clairement sur la sorte d'enseignement qu'il recommandait en dessin dans les écoles primaires, les collèges et les lycées, je n'ai jamais obtenu de lui que cette réponse : il faut encourager les élèves à S'EXPRIMER.
Alain n'en est pas à son coup d'essai littéraire, puisqu'il avait déjà publié en 1993 un livre illustré avec des dessins de Dubout encore inédits à l'époque. Ca s'appelait : "Histoires à dormir Dubout : Espèces d'en mer". On le voit ici entre Jean Lacouture, qui a préfacé son livre, et Patrick Renaudot, le co-auteur.
Alain écrit très bien. Il est aussi excellent musicien, capable de jouer le Concerto opus 19 de Beethoven ou de s'attaquer aux Tableaux d'une exposition de Moussorgski au débotté, sans partition; je l'ai vu faire à plusieurs reprises : bluffant. Avant son accident de moto survenu quand il avait dans les vingt ans et au cours duquel il s'est cassé les deux poignets, il était destiné à une carrière de concertiste.
Les concerts de musique qu'il organise au Grenier ou en ville sont du plus haut niveau. Je me rappelle en particulier une soirée avec Evgueny Kissin au Théâtre des Champs-Elysées.
Au Grenier, il organise aussi des événements théâtraux, chorégraphiques, des lectures, des séminaires, etc. Tous d'une qualité de réalisation extraordinaire.
Supérieurement cultivé en musique, Alain l'est aussi en dessin et peinture où son goût me semble aussi sûr et qu'exquis. C'est toujours passionnant de discuter avec lui, sauf que la peinture classique, du niveau de classicisme de sa musique, n'a pas l'air de l'intéresser, et, ayant essayé de le faire se prononcer clairement sur la sorte d'enseignement qu'il recommandait en dessin dans les écoles primaires, les collèges et les lycées, je n'ai jamais obtenu de lui que cette réponse : il faut encourager les élèves à S'EXPRIMER.
vendredi 26 janvier 2007
20) L'aventure
Et puis, patatras !, après un an de professorat, FVH démissionne de l'Education Nationale, quitte le Lycée de Jeunes Filles et l'Université de Strasbourg et regagne Paris.
Que s'est-il passé ? Plusieurs choses dont celle-ci en première instance : elle s'est aperçue que, finalement, contrairement à ce qu'elle avait imaginé jusque là, elle n'aimait ni enseigner, ni étudier.
Elle n'aime que dessiner, et peindre. Et encore... : dans ce dernier domaine, elle ne sait plus très bien non plus où elle en est.
Alors commence pour elle une période de vaches maigres et de doutes souvent douloureux.
Elle trouve à se loger dans une chambre de bonne avec souillarde au 6e étage sans ascenseur d'un immeuble bourgeois de la rue d'Amsterdam. Pour subsister, comme elle ne trouve pas de travail avec son dessin et sa peinture de l'époque, elle fait du secrétariat. Elle peint donc, malgré tout : sa chambre, les toits de Paris vus à travers sa tabatière, des natures mortes, des portraits d'ami(e)s, des autoportraits. Elle peint en empâtant, comme c'était plus ou moins l'usage à ClaudBé : en accordant un primat écrasant à la matière sur le dessin. Tout en sentant que cette peinture-là, cette "peinture de peintre", ce n'est pas elle, ce n'est pas sa voie.
Mais comment s'en sortir seule dans son coin ?
Que s'est-il passé ? Plusieurs choses dont celle-ci en première instance : elle s'est aperçue que, finalement, contrairement à ce qu'elle avait imaginé jusque là, elle n'aimait ni enseigner, ni étudier.
Elle n'aime que dessiner, et peindre. Et encore... : dans ce dernier domaine, elle ne sait plus très bien non plus où elle en est.
Alors commence pour elle une période de vaches maigres et de doutes souvent douloureux.
Elle trouve à se loger dans une chambre de bonne avec souillarde au 6e étage sans ascenseur d'un immeuble bourgeois de la rue d'Amsterdam. Pour subsister, comme elle ne trouve pas de travail avec son dessin et sa peinture de l'époque, elle fait du secrétariat. Elle peint donc, malgré tout : sa chambre, les toits de Paris vus à travers sa tabatière, des natures mortes, des portraits d'ami(e)s, des autoportraits. Elle peint en empâtant, comme c'était plus ou moins l'usage à ClaudBé : en accordant un primat écrasant à la matière sur le dessin. Tout en sentant que cette peinture-là, cette "peinture de peintre", ce n'est pas elle, ce n'est pas sa voie.
Mais comment s'en sortir seule dans son coin ?
dimanche 21 janvier 2007
19) Du spirituel dans l'art
Nouvelle question (difficile) de Chipou à propos de FVH : « Quelle est la part de "spirituel" dans la peinture de Francine Van Hove ? FVH est-elle catholique ? »
Réponse : FVH a eu une éducation catholique, mais elle en a fini avec cette religion et toutes les religions en général, y compris celle de l’Art. Elle ne pratique plus aucun culte. (Ce qui n’est pas tout à fait exact à mon sens, dans la mesure où chaque fois qu’elle va à Château-Landon, chaque fois sans exception, elle se rend sur la tombe de ses parents et sur celle de sa grand-mère, pour vérifier que les plantes en pot qu’elle y a déposées la dernière fois ont bien tenu, ou pour en apporter de nouvelles. N’est-ce pas là une sorte de culte des morts ? Qu’on peut aussi expliquer, bien sûr, par un reste de catholicisme. Ou, plus simplement encore, par le fait que ses morts continuent de vivre dans sa pensée. Tout particulièrement son père, Mamé, et aussi son petit frère Bernard, connu comme dessinateur sous son nom de crayon de Bernar (sans d), récemment disparu et pour lequel il n’existe pas de tombe à fleurir vu qu’il a été incinéré.)
Quand je dis qu’elle ne pratique plus aucun culte, même plus celui de l’art avec majuscule, je fais allusion au fait que, il y a des années, quand elle était étudiante et qu’elle se rendait au musée du Louvre, elle avait l’impression de pénétrer dans un espace peuplé d’êtres supérieurs d’une dimension presque divine. Et puis, progressivement, à force de les fréquenter, ces maîtres du Louvre, dont elle continue d’admirer les œuvres, sont devenus des confrères et des consoeurs devant lesquels elle ne se sent plus tenue à un respect obligatoire.
Aujourd’hui, quand elle va au Louvre, ce qui lui arrive assez souvent, le mercredi ou le vendredi soir de préférence, quand les salles se sont vidées de la foule des touristes, elle se sent « en visite » comme on dit, tout simplement. En général, d’ailleurs, elle choisit un tableau et dit "Je vais voir...".
Elle va voir la « Mademoiselle Rose » de Delacroix, ou les autoportraits de Rembrandt, ou « Le Tricheur » de Georges de la Tour.
Il lui arrive aussi de se déplacer pour voir un tableau précis et d’être accrochée au passage par un autre auquel elle consacre alors une bonne partie du temps de visite qu’elle avait prévu d’accorder au premier. C’est ainsi que, l’autre jour, elle est restée un quart d’heure devant un Jean-Siméon Chardin, « Le Bocal d’olives », de 1760, dont la présentation a été assortie par les conservateurs du commentaire suivant, signé Diderot : « On n’entend rien à cette magie… Approchez-vous, tout se brouille, s’aplatit et disparaît ; éloignez-vous, tout se crée et se reproduit… » Ce qui est aussi vrai que naïf et touchant.
Spirituel ? Une chose est sûre : ce mot de « spirituel » la gêne.
Une autre chose est sûre : certains tableaux, quelquefois très éloignés de sa propre manière, comme ce Chardin, l’émeuvent profondément. Elle ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y a quelque chose « derrière », quelque chose qu’elle appelle le mystère de la beauté.
Le même mystère qu'elle pressent devant la nature quand elle est belle, devant, par exemple, la vue qu’on a en sortant du Louvre par ses guichets sud, les soirs d'hiver, sur la Seine et l'Ile de la Cité à partir du pont du Carrousel. L’impression qu’il y a quelque chose de caché derrière, quelque chose de fuyant que Chardin a réussi à attraper avec son bocal d’olives, et qu’elle s’efforce elle aussi d’attraper quand elle peint. Un sentiment troublant et assez angoissant, pas heureux, mais assez intense et vivifiant pour qu'on ait envie de refaire l'expérience.
Il lui arrive de penser qu’il s’agit là d’un vague souvenir de quelque chose qui s’est passé « avant » et qui s’est abîmé en arrivant sur terre.
Est-ce spirituel ? Pourquoi employer un tel mot, ou éviter de l’employer ? Comme a dit Pierre Dac, on peut toujours appeler une vache un cheval, à condition de s’entendre au départ.
Réponse : FVH a eu une éducation catholique, mais elle en a fini avec cette religion et toutes les religions en général, y compris celle de l’Art. Elle ne pratique plus aucun culte. (Ce qui n’est pas tout à fait exact à mon sens, dans la mesure où chaque fois qu’elle va à Château-Landon, chaque fois sans exception, elle se rend sur la tombe de ses parents et sur celle de sa grand-mère, pour vérifier que les plantes en pot qu’elle y a déposées la dernière fois ont bien tenu, ou pour en apporter de nouvelles. N’est-ce pas là une sorte de culte des morts ? Qu’on peut aussi expliquer, bien sûr, par un reste de catholicisme. Ou, plus simplement encore, par le fait que ses morts continuent de vivre dans sa pensée. Tout particulièrement son père, Mamé, et aussi son petit frère Bernard, connu comme dessinateur sous son nom de crayon de Bernar (sans d), récemment disparu et pour lequel il n’existe pas de tombe à fleurir vu qu’il a été incinéré.)
Quand je dis qu’elle ne pratique plus aucun culte, même plus celui de l’art avec majuscule, je fais allusion au fait que, il y a des années, quand elle était étudiante et qu’elle se rendait au musée du Louvre, elle avait l’impression de pénétrer dans un espace peuplé d’êtres supérieurs d’une dimension presque divine. Et puis, progressivement, à force de les fréquenter, ces maîtres du Louvre, dont elle continue d’admirer les œuvres, sont devenus des confrères et des consoeurs devant lesquels elle ne se sent plus tenue à un respect obligatoire.
Aujourd’hui, quand elle va au Louvre, ce qui lui arrive assez souvent, le mercredi ou le vendredi soir de préférence, quand les salles se sont vidées de la foule des touristes, elle se sent « en visite » comme on dit, tout simplement. En général, d’ailleurs, elle choisit un tableau et dit "Je vais voir...".
Elle va voir la « Mademoiselle Rose » de Delacroix, ou les autoportraits de Rembrandt, ou « Le Tricheur » de Georges de la Tour.
Il lui arrive aussi de se déplacer pour voir un tableau précis et d’être accrochée au passage par un autre auquel elle consacre alors une bonne partie du temps de visite qu’elle avait prévu d’accorder au premier. C’est ainsi que, l’autre jour, elle est restée un quart d’heure devant un Jean-Siméon Chardin, « Le Bocal d’olives », de 1760, dont la présentation a été assortie par les conservateurs du commentaire suivant, signé Diderot : « On n’entend rien à cette magie… Approchez-vous, tout se brouille, s’aplatit et disparaît ; éloignez-vous, tout se crée et se reproduit… » Ce qui est aussi vrai que naïf et touchant.
Spirituel ? Une chose est sûre : ce mot de « spirituel » la gêne.
Une autre chose est sûre : certains tableaux, quelquefois très éloignés de sa propre manière, comme ce Chardin, l’émeuvent profondément. Elle ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y a quelque chose « derrière », quelque chose qu’elle appelle le mystère de la beauté.
Le même mystère qu'elle pressent devant la nature quand elle est belle, devant, par exemple, la vue qu’on a en sortant du Louvre par ses guichets sud, les soirs d'hiver, sur la Seine et l'Ile de la Cité à partir du pont du Carrousel. L’impression qu’il y a quelque chose de caché derrière, quelque chose de fuyant que Chardin a réussi à attraper avec son bocal d’olives, et qu’elle s’efforce elle aussi d’attraper quand elle peint. Un sentiment troublant et assez angoissant, pas heureux, mais assez intense et vivifiant pour qu'on ait envie de refaire l'expérience.
Il lui arrive de penser qu’il s’agit là d’un vague souvenir de quelque chose qui s’est passé « avant » et qui s’est abîmé en arrivant sur terre.
Est-ce spirituel ? Pourquoi employer un tel mot, ou éviter de l’employer ? Comme a dit Pierre Dac, on peut toujours appeler une vache un cheval, à condition de s’entendre au départ.
18) Dessiner
L'autre jour, chez Van Hove. il y avait ces dessins reposant en tas sur le plancher. Photo.
Comment arrive-t-on à dessiner de cette manière ? Réponse : en vouant une admiration sans bornes à des gens comme Ingres, Raphaël, Delacroix, Léonard de Vinci, Rubens, etc., et en se mettant pendant des années et des années à l'école de ces maîtres
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