mercredi 31 janvier 2007

21) Au CNEA

Avant-hier (lundi 29 janvier), je suis allé au Grenier des Grands-Augustins où Alain Casabona et Patrick Renaudot présentaient -et dédicaçaient- leur livre "Le Grenier aux merveilles". Patrick Renaudot, je ne connaissais pas, mais Alain Casabona, si, à cause du CNEA, Comité National pour l'Education Artistique, auquel je m'intéresse depuis plusieurs années et dont il est l'âme, avec le titre de Secrétaire ou Délégué Général.
Alain n'en est pas à son coup d'essai littéraire, puisqu'il avait déjà publié en 1993 un livre illustré avec des dessins de Dubout encore inédits à l'époque. Ca s'appelait : "Histoires à dormir Dubout : Espèces d'en mer". On le voit ici entre Jean Lacouture, qui a préfacé son livre, et Patrick Renaudot, le co-auteur.
Alain écrit très bien. Il est aussi excellent musicien, capable de jouer le Concerto opus 19 de Beethoven ou de s'attaquer aux Tableaux d'une exposition de Moussorgski au débotté, sans partition; je l'ai vu faire à plusieurs reprises : bluffant. Avant son accident de moto survenu quand il avait dans les vingt ans et au cours duquel il s'est cassé les deux poignets, il était destiné à une carrière de concertiste.
Les concerts de musique qu'il organise au Grenier ou en ville sont du plus haut niveau. Je me rappelle en particulier une soirée avec Evgueny Kissin au Théâtre des Champs-Elysées.
Au Grenier, il organise aussi des événements théâtraux, chorégraphiques, des lectures, des séminaires, etc. Tous d'une qualité de réalisation extraordinaire.
Supérieurement cultivé en musique, Alain l'est aussi en dessin et peinture où son goût me semble aussi sûr et qu'exquis. C'est toujours passionnant de discuter avec lui, sauf que la peinture classique, du niveau de classicisme de sa musique, n'a pas l'air de l'intéresser, et, ayant essayé de le faire se prononcer clairement sur la sorte d'enseignement qu'il recommandait en dessin dans les écoles primaires, les collèges et les lycées, je n'ai jamais obtenu de lui que cette réponse : il faut encourager les élèves à S'EXPRIMER.

vendredi 26 janvier 2007

20) L'aventure

Et puis, patatras !, après un an de professorat, FVH démissionne de l'Education Nationale, quitte le Lycée de Jeunes Filles et l'Université de Strasbourg et regagne Paris.
Que s'est-il passé ? Plusieurs choses dont celle-ci en première instance : elle s'est aperçue que, finalement, contrairement à ce qu'elle avait imaginé jusque là, elle n'aimait ni enseigner, ni étudier.
Elle n'aime que dessiner, et peindre. Et encore... : dans ce dernier domaine, elle ne sait plus très bien non plus où elle en est.
Alors commence pour elle une période de vaches maigres et de doutes souvent douloureux.
Elle trouve à se loger dans une chambre de bonne avec souillarde au 6e étage sans ascenseur d'un immeuble bourgeois de la rue d'Amsterdam. Pour subsister, comme elle ne trouve pas de travail avec son dessin et sa peinture de l'époque, elle fait du secrétariat. Elle peint donc, malgré tout : sa chambre, les toits de Paris vus à travers sa tabatière, des natures mortes, des portraits d'ami(e)s, des autoportraits. Elle peint en empâtant, comme c'était plus ou moins l'usage à ClaudBé : en accordant un primat écrasant à la matière sur le dessin. Tout en sentant que cette peinture-là, cette "peinture de peintre", ce n'est pas elle, ce n'est pas sa voie.
Mais comment s'en sortir seule dans son coin ?

dimanche 21 janvier 2007

19) Du spirituel dans l'art

Nouvelle question (difficile) de Chipou à propos de FVH : « Quelle est la part de "spirituel" dans la peinture de Francine Van Hove ? FVH est-elle catholique ? »
Réponse : FVH a eu une éducation catholique, mais elle en a fini avec cette religion et toutes les religions en général, y compris celle de l’Art. Elle ne pratique plus aucun culte. (Ce qui n’est pas tout à fait exact à mon sens, dans la mesure où chaque fois qu’elle va à Château-Landon, chaque fois sans exception, elle se rend sur la tombe de ses parents et sur celle de sa grand-mère, pour vérifier que les plantes en pot qu’elle y a déposées la dernière fois ont bien tenu, ou pour en apporter de nouvelles. N’est-ce pas là une sorte de culte des morts ? Qu’on peut aussi expliquer, bien sûr, par un reste de catholicisme. Ou, plus simplement encore, par le fait que ses morts continuent de vivre dans sa pensée. Tout particulièrement son père, Mamé, et aussi son petit frère Bernard, connu comme dessinateur sous son nom de crayon de Bernar (sans d), récemment disparu et pour lequel il n’existe pas de tombe à fleurir vu qu’il a été incinéré.)
Quand je dis qu’elle ne pratique plus aucun culte, même plus celui de l’art avec majuscule, je fais allusion au fait que, il y a des années, quand elle était étudiante et qu’elle se rendait au musée du Louvre, elle avait l’impression de pénétrer dans un espace peuplé d’êtres supérieurs d’une dimension presque divine. Et puis, progressivement, à force de les fréquenter, ces maîtres du Louvre, dont elle continue d’admirer les œuvres, sont devenus des confrères et des consoeurs devant lesquels elle ne se sent plus tenue à un respect obligatoire.
Aujourd’hui, quand elle va au Louvre, ce qui lui arrive assez souvent, le mercredi ou le vendredi soir de préférence, quand les salles se sont vidées de la foule des touristes, elle se sent « en visite » comme on dit, tout simplement. En général, d’ailleurs, elle choisit un tableau et dit "Je vais voir...".
Elle va voir la « Mademoiselle Rose » de Delacroix, ou les autoportraits de Rembrandt, ou « Le Tricheur » de Georges de la Tour.
Il lui arrive aussi de se déplacer pour voir un tableau précis et d’être accrochée au passage par un autre auquel elle consacre alors une bonne partie du temps de visite qu’elle avait prévu d’accorder au premier. C’est ainsi que, l’autre jour, elle est restée un quart d’heure devant un Jean-Siméon Chardin, « Le Bocal d’olives », de 1760, dont la présentation a été assortie par les conservateurs du commentaire suivant, signé Diderot : « On n’entend rien à cette magie… Approchez-vous, tout se brouille, s’aplatit et disparaît ; éloignez-vous, tout se crée et se reproduit… » Ce qui est aussi vrai que naïf et touchant.
Spirituel ? Une chose est sûre : ce mot de « spirituel » la gêne.
Une autre chose est sûre : certains tableaux, quelquefois très éloignés de sa propre manière, comme ce Chardin, l’émeuvent profondément. Elle ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y a quelque chose « derrière », quelque chose qu’elle appelle le mystère de la beauté.
Le même mystère qu'elle pressent devant la nature quand elle est belle, devant, par exemple, la vue qu’on a en sortant du Louvre par ses guichets sud, les soirs d'hiver, sur la Seine et l'Ile de la Cité à partir du pont du Carrousel. L’impression qu’il y a quelque chose de caché derrière, quelque chose de fuyant que Chardin a réussi à attraper avec son bocal d’olives, et qu’elle s’efforce elle aussi d’attraper quand elle peint. Un sentiment troublant et assez angoissant, pas heureux, mais assez intense et vivifiant pour qu'on ait envie de refaire l'expérience.
Il lui arrive de penser qu’il s’agit là d’un vague souvenir de quelque chose qui s’est passé « avant » et qui s’est abîmé en arrivant sur terre.
Est-ce spirituel ? Pourquoi employer un tel mot, ou éviter de l’employer ? Comme a dit Pierre Dac, on peut toujours appeler une vache un cheval, à condition de s’entendre au départ.

18) Dessiner


L'autre jour, chez Van Hove. il y avait ces dessins reposant en tas sur le plancher. Photo.
Comment arrive-t-on à dessiner de cette manière ? Réponse : en vouant une admiration sans bornes à des gens comme Ingres, Raphaël, Delacroix, Léonard de Vinci, Rubens, etc., et en se mettant pendant des années et des années à l'école de ces maîtres

lundi 15 janvier 2007

17) Professeur

FVH entre à ClaudBé en 1959. Trois ans plus tard, elle obtient son Diplôme de dessin et d'arts plastiques. Elle a alors 20 ans.
Lui reste encore, pour devenir professeur titulaire, à effectuer un stage dans un centre pédagogique de province et, pendant cette année de stage, à rédiger-illustrer un mémoire.
Elle effectue son stage à Strasbourg qu'elle choisit à cause de la qualité des cours d'histoire de l'antiquité égyptienne dispensés dans son université. Car elle envisage de compléter sa formation par une licence d'histoire de l'art.
Son mémoire porte sur la petite statuaire de la XVIIIe dynastie dans la collection de Strasbourg.



L'antiquité égyptienne et la beauté de sa statuaire sont une passion qui remonte à l'époque où, petite élève de 5e à Hélène Boucher, elle a pu aller suivre des cours au Louvre.



Les collections sur lesquelles elle travaille, dans les sous-sols du département d'égyptologie, proviennent des fouilles dirigées par le Pr. Jean Leclant. Les heures passées là à dessiner et peindre sont étranges et délicieuses.En 1963, FVH est nommée au Lycée de Jeunes Filles de Strasbourg.

vendredi 12 janvier 2007

16) Formation (2)

Comment peut-on arriver à dessiner et peindre la figure humaine comme Francine Van Hove ? En ayant du talent pour cela, bien sûr, mais également en s'inscrivant profondément dans la tradition du dessin et de la peinture classiques.
C'est ce que ClaudBé a apporté à FVH... en dessin seulement, et pas en peinture ni en décoration. Car -j'y ai déjà fait allusion-, la décoration à ClaudBé, c'était presque rien, et la peinture moins que rien.
Cette école ne méritait pas le nom de "de dessin et d'arts plastiques". Ce n'était qu'une école de dessin, et une école de dessin à l'ancienne, où l'on passait presque tout son temps à pratiquer. Une école pratique et vraiment scolaire, où il fallait arriver à 8h30 le matin, et pas une minute plus tard, sous peine de se voir arrêté à la porte par un gardien et consigné en étude, avec tous les autres élèves du Lycée, élèves plus jeunes des classes de troisième, de seconde et de première, coupables de la même faute.
On ne pouvait quitter le Lycée qu'à 18 heures. Dans le cas où l'emploi du temps des élèves (on ne disait jamais "étudiants") comportait un trou, entre un cours de plâtre de 14 à 16 heures et un cours d'histoire de l'art à 17 par exemple, ce trou devait être employé à étudier solo. L'heure en question portait le nom officiel d'"heure d'étude". Tous les travaux, sans exception, étaient notés, et il y avait des classements, des conseils de classe, avec des tableaux d'honneur et des prix d'excellence à la clef, dont on se trouvait automatiquement privé si on était pris à sécher un cours.
Le règlement stipulait que "les élèves de la classe dont les familles ne résident pas à Paris doivent être inernes au Lycée Janson-de-Sailly (garçons) ou au Foyer des Lycéennes, 10, rue du Docteur-Blanche, Paris (16e) (filles)".
Sur les 25 filles de la promotion de FVH, seule celle-ci et 4 de ses camarades également parisiennes échappaient à l'internat.
Jacques a été interne à Janson-de-Sailly pendant 3 ans.
La majorité des élèves se trouvaient soumis à trois régimes administratifs et disciplinaires concordants : celui de la vie à l'intérieur de la Classe de préparation au professorat, celui de l'établissement d'hébergement de cette classe (le Lycée Claude Bernard), et celui de l'établissement de résidence obligatoire (Janson-de-Sailly pour les garçons, le Foyer du Docteur-Blanche pour les filles).
Les cours étaient le contraire de mixtes et les professeurs veillaient à éviter ou réduire autant que faire se pouvait les rencontres entre les "garçons" et les "filles", qu'ils ne pouvaient cependant pas empêcher de se croiser dans les couloirs lors des changements de salles de cours : "Allez, allez, Messieurs (ou Mesdemoiselles), ne traînez pas !"
Heureusement, il y avait ce Monsieur Bernard et son amour de dessin classique et de l'enseignement, et sa réelle générosité pédagogique. Et il y avait, vivante en lui, très vivante, cette pensée de Paul Valéry qu'il avait d'ailleurs placée en épigraphe dans son bulletin de sa Société des professeurs de dessin :

"Je ne sais pas d'Art qui puisse engager plus d'intelligence que le dessin. Qu'il s'agisse d'extraire du complexe de la vue la trouvaille du trait, de résumer une structure, de ne pas céder à la main, de lire et de prononcer en soi une forme avant de l'écrire; ou bien que l'invention domine le moment, que l'idée se fasse obéir, se précise, et s'enrichisse de ce qu'elle devient sur le papier, sous le regard, tous les dons de l'esprit trouvent leur emploi dans ce travail, où paraissent non moins fortement tous les caractères de la personne quand elle en a."
Paul VALÉRY
(Degas, Danse, Dessin).

jeudi 11 janvier 2007

15) Formation

Après la rencontre improbable avec Jacques (et Karen) à Paris I, nous avons beaucoup discuté, Francine Van Hove et moi, de la formation qu'ils ont reçue tous les deux, elle et Jacques, à Claude Bernard, en Classe préparatoire au professorat de dessin et d'arts plastiques pour les lycées, collèges et écoles normales.
(Dorénavant, pour désigner cette Classe préparatoire en la distinguant du Lycée Claude Bernard, Paris 16e, qui l'hébergeait, j'écrirai "ClaudBé", selon la prononciation de la majorité de ses élèves.)
(Francine Van Hove, quant à elle, ne dit jamais ClaudBé, mais toujours Claude Bernard, et je dois signaler qu'elle n'apprécie pas ma façon de faire.)
ClaudBé, qui a été créé au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, en 1947 très exactement, n'existe plus. Il a disparu, victime de Mai 68.
Dans cette prépa, FVH a continué à apprendre à dessiner bien "scolairement" comme elle avait commencé à le faire à la Communale à Vincennes, puis au Lycée de Jeunes Filles Hélène Boucher à Paris. Dans cette discipline-là, elle n'a ainsi connu aucune rupture. Ce qui n'a pas été le cas en peinture et en décoration où l'enseignement dispensé à Claudbé a failli la dégoûter à tout jamais de ces deux activités.
En dessin, elle a eu la chance de tomber sur un professeur qui aimait son métier, et qui était excellent dans son rôle de sauvegarde de la tradition classique et de passeur. Par dessin classique de même que par peinture classique, on doit entendre l'art occidental du XVe au XIXe siècle.
Ce professeur s'appelait BERNARD.
Nom de famille Bernard.
Prénom ? FVH ne s'en souvient pas. On disait "Monsieur Bernard". Peut-être était-ce Sylvain, mais elle n'en est pas vraiment sûre.
En dehors d'enseigner dans les lycées Saint-Louis et Claude Bernard dans les années 1950, Monsieur Bernard présidait le Bureau national de la Société des professeurs de dessin, Enseignement du second degré.
J'ai essayé de voir ce qui s'enseignait dans cette Classe Préparatoire au Diplôme de Dessin et d'Arts Plastiques et me suis lancé à la recherche d'archives dans ce but.





Après des fouilles qui m'ont pris pas mal de temps et m'ont d'autant retardé dans ce blog, je suis finalement et heureusement tombé sur un Bulletin de la Société des professeurs de dessin de 1958.






Voici ce qu'on y trouve en ce qui concerne le certificat de Dessin, qui, avec les trois autres certificats de Composition décorative, d'Histoire de l'art, de Sciences annexes et techniques du dessin, constituait le Diplôme de dessin et d'arts plastiques ouvrant à la préparation du CAPES de dessin :

A) Sous-admissibilité.
1, Etude d'après un moulage en plâtre, 8 heures (buste de la statue de Charles V)

B) Admissibilité.
2, Croquis, 2 heures
a) Nu, 1 heure (un homme nu debout)
b) Modèle vivant vêtu, 1 heure (un chef cuisinier assis devant son chaudron, en tablier et toques blancs)
3, Dessin de sciences naturelles, 2 heures (étude de fruits et de feuilles)
a) Etude pittoresque de fruits
b) Réalisation et analyse d'une coupe de chacun de ces fruits permettant de mettre en évidence leurs différentes parties
c) Dessin de deux feuilles
4, Figure dessinée, 8 heures (une femme nue assise, la main gauche appuyée sur la cuisse, l'avant-bras droit retombant le long du dossier, les membres inférieurs légèrement écartés, les pieds reposant à des niveaux différents)

C) Admission.
5, Epreuve orale, 1 heure de préparation, 30 minutes d'exposé (comportant un commentaire de documents fournis par le jury, des dessins de Delacroix par exemple)

lundi 8 janvier 2007

14) Réponse à Audrey

Vous vous proposez comme modèle. Bien que FVH n'ait pas besoin de quelqu'un en plus des 4 modèles qu'elle emploie à l'heure actuelle, elle vous invite à lui communiquer quelques photos en utilisant l'adresse suivante
swaenfr@hotmail.fr
Je vous transmettrai une réponse le plus vite possible.