mercredi 5 décembre 2007

56) Chat poseur

J'ai une raison de parler si souvent de ses modèles à propos du peintre : son art ne se conçoit pas sans elles.
Assez souvent, attirées par la chaleur des radiateurs placés autour du modèle, les chats s'installent autour ou sur celui-ci et l'accompagnent dans sa pose.Le jour de cette photo, c'était Malou qui s'était emparée du modèle, tandis que l'autre chat Féli (hors champ) s'était retirée tout en haut du chevalet, son poste d'observation favori. (Non, je ne fais pas de faute d'orthographe en n'accordant pas mes participes passés "attirées", "emparée" et "retirée" avec "chat(s)" au masculin, car tous les chats, comme tous les modèles pour Van Hove, sont obligatoirement féminins, quelle que soit la façon dont on en parle.)
A la chaleur des radiateurs, le modèle ajoute celle d'une double paire de chaussettes en profitant de ce que sa peintre se concentre sur son visage. Le coussin sur le tabouret sera dans le tableau, mais pas ceux sous la fesse et sous le mollet gauches seulement destinés à réduire l'inconfort de la pose. Devant ce modèle, surnommée Pretty Woman, et qui est aussi une Business Woman : son mobile qu'elle manipule quand il sonne -quatre ou cinq fois par séance en général- en ne bougeant que le bras droit. Au premier plan, la palette papier du peintre.

mardi 4 décembre 2007

55) Reconnaître

Il y a quelques années, rares étaient les gens qui reconnaissaient les modèles de Van Hove quand ils avaient l'occasion de les croiser, au cours d'un vernissage par exemple. Cela a un peu changé. Il est vrai que les modèles d'aujourd'hui, Céline, Julia, Rivka et Marion, à l'exception de la petite dernière Camille, atteignent ou dépassent le 1,70 m, alors que la génération précédente tournait autour d'1,60 m, et parfois encore moins, comme dans le cas de Karen.
Comment pourrait-on ne pas remarquer Julia et Marion et leur 1,80 m hauts talons compris ?
Il y a aussi et surtout que Van Hove est de plus en plus réaliste, qu'elle peint de plus en plus "ressemblant"-, et, dans cette mesure, aggrave son cas de peintre pas moderne.
En peinture dite moderne, en effet, il ne faut pas "faire ressemblant", pas donner à voir des choses qu'on reconnaît. Charles Matton en parlait l'autre jour sur Europe 1, dans le cadre de son interview par Frédéric Taddéi le 22 novembre vers 15 heures, pour être tout à fait précis.
Combien cela avait été difficile pour lui au début, en tant que peintre figuratif ! racontait-il.
Un jour...
Cela se passait dans les années 1950.
Van Hove se rappelle bien cette époque qui a été celle de ses propres débuts
Un jour, donc, Matton se rend chez un marchand pour lui présenter son travail. Comme il est en 2CV et ne trouve pas à se garer près de la galerie, il s'arrête juste en face le temps de décharger pour repartir aussitôt à la recherche d'un endroit où caser sa voiture. Quand il revient, il retrouve ses tableaux posés par terre le long d'un mur tous cul par dessus tête.
A l'époque, sa peinture n'étant pas aussi figurative qu'aujourd'hui, le peintre peut imaginer que le galeriste s'est simplement trompé et lui propose spontanément de remettre ses toiles dans le bon sens.
"Non, laissez, c'est mieux comme cela", lui répond le marchand. Et de lui expliquer que quand il reconnaît quelque chose dans un tableau, ça l'empêche de juger de la peinture. ("Pour juger la peinture, il ne faut pas que je reconnaisse quelque chose".)

54) Photo (2)

Quelques jours seulement après ce que je raconte dans 51), Van Hove se fait aborder par une jeune femme.
- Ah, je suis si contente de vous rencontrer. Je vous admire tant... Ce que vous faites est merveilleux...
La scène se déroule dans le foyer de la Gaîté Montparnasse où FVH est venue assister au one-woman-show d'un de ses anciens modèles, Isabelle, comédienne, metteur en scène et auteur de théâtre. Une création que FVH, et également Céline qui l'a accompagnée, ont trouvée tout à fait remarquable.
- Je vous suis depuis des années, continue l'admiratrice. Je m'en veux d'avoir raté votre dernière exposition. J'adore vraiment ce que vous faites... Vos tableaux sont magnifiques... On dirait des photos !!!
FVH remercie, légèrement embarrassée par le compliment.
- Et vos modèles... Ils sont merveilleux... Vous en avez deux, n'est-ce pas ?
FVH rectifie d'un geste de la main : quatre, en ce moment.
- Et d'ailleurs, ajoute FVH en désignant Céline qui s'est légèrement écartée durant l'échange, en voici un.
- Ah oui ? répond la jeune femme avec un sourire à l'adresse de Céline. Ah, excusez-moi, mais avec votre col roulé, je ne vous avais pas reconnue.





- Et mes boucles ? proteste Céline en riant.