mercredi 17 décembre 2008

85) Avez-vous un discours ?

Un soir de novembre, Van Hove dîne chez ses amis Jeanne et Bruno. Au mur, plusieurs toiles dont un Boutet de Monvel, un Van Hove et deux oeuvres d'une peintre (figurative) de fleurs. A propos de cette dernière artiste, Jeanne raconte que venue présenter son travail à un galeriste, elle s’était entendue demander : « Avez-vous un discours ? »
Quelle amusante question.
Quelques jours plus tard, Jeanne apporte le catalogue de la dite peintre à FVH. On peut y retrouver la question du discours dans l’introduction –écrite par une journaliste- dont voici deux extraits :
« A la question, caricaturale mais bien réelle (je suis témoin) de certains galeristes : « Quel est votre discours à propos de vos tableaux ? », elle répond les yeux écarquillés : « Il n’y a pas de discours. Je peins. Avec mon cœur, mes tripes, ma peine, ma joie, je peins parce que c’est ma passion. Parce que je ne sais rien faire d’autre. C’est tout. »
« Elle intègre à 17 ans l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts dont son père architecte lui a parlé avec respect et admiration, et se rend compte que l’enseignement ne s’est toujours pas remis de mai 1968, que la démarche artistique s’inscrit dans un discours, ce qu’elle tient en horreur. »

Remarque : l’auteur de l’introduction, qui est d’accord avec l’artiste pour considérer que la peinture de celle-ci n’a pas de besoin d’explications (= de discours) pour s’apprécier, arrive quand même à en écrire une dizaine de pages. Mais peut-on se dispenser, sinon de discourir, du moins de bavarder quand on présente une oeuvre d'art ? On a toujours beaucoup parlé ou écrit sur la peinture. J'ai, dans ma collection de vieux livres, plusieurs ouvrages qui en témoignent, dont celui-ci du peintre André Lhote, lui-même grand parleur de peinture devant l'Eternel.
A propos du Van Hove de Jeanne-et-Bruno, voici une petite histoire amusante, histoire de parler, non plus d'art, mais de technique.
Un jour de 1986, nos deux amis déménagent aux Etats-Unis. Tout ce qu'ils veulent emporter avec eux -dont ce tableau- est mis dans des caisses et expédié quelques jours avant leur propre départ en avion. Quand, arrivés à destination, ils veulent récupérer leur bien, le transporteur leur apprend que c'est impossible : ses entrepôts sont interdits d'accès, non seulement parce qu'ils se trouvent sous l'eau suite au débordement d'une rivière proche, mais aussi parce que l'inondation a également concerné une usine de produits chimiques et entraîné, eu égard aux risques de contamination, des mesures de quarantaine locale.
Le Van Hove reste donc sous l'eau... dix jours. Mais, ô bonne surprise, quand on sort la tableau tout mouillé de sa caisse toute détrempée -adieu vêtements, photos, livres !-, on s'aperçoit que la toile elle-même n'a pas bougé d'un cil. Sauf que la peinture du cadre a légèrement bavé dessus, ce qui se répare en trois coups de cuillère à pot d'eau savonneuse.
Intéressante démonstration de la proverbiale solidité de la peinture à l'huile traditionnelle par glacis.

dimanche 14 décembre 2008

84) Prochaine exposition

La prochaine exposition de Van Hove à la Galerie Alain Blondel est prévue pour mars prochain.
Le vernissage -entrée libre- aura lieu le jeudi 19 mars 2009.

83) Un dernier (?) mot

Un dernier ( ?) mot sur l’expo de Château-Landon : une des visiteuses a appris à Van Hove que ses parents possèdent un de ses tableaux représentant une jeune femme se coiffant sous l’œil d’un appareil photo. Par curiosité, je me suis plongé dans les archives du peintre.

L’oeuvre est de 1978. L’appareil photo, qui est une chambre MPP 4x5, est ce dont se sert FVH encore aujourd’hui pour tirer le portrait de ses peintures avant de les livrer à son galeriste.
De ces archives, j’ai également extrait, pour le plaisir, les deux tableaux suivants, qui n'ont jamais été reproduits. Et d’abord la vue qu’avait la peintre à l’époque où elle habitait au 11, rue d’Odessa, Paris 14e.

A l’arrière-plan, la Tour Maine-Montparnasse dont Van Hove avait pu suivre la construction de la fenêtre de son studio du 4e étage et qui venait d’être terminée. Au premier plan, les vieilles maisons à grosses tuiles qui allaient bientôt être rasées et remplacées par cet autre sinistre ensemble immobilier qu’on appelle « L’Ellipsoïde » et que nous devons au même programme de modernisation destructrice du quartier. A mi-distance, une personnification de la nuit de Baudelaire :
« Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche. »

Comme le précédent, le second tableau date de l’époque où Van Hove n’osait pas encore être simplement, purement, traditionnellement figurative, figurative comme on pouvait l'être sans trop d'état d'âme avant l’invention révolutionnaire de la photographie… et les inventions néo-révolutionnaires du surréalisme, de l’hyperréalisme, du nouveau réalisme et… etc.