lundi 27 novembre 2006

10) Modèles

J'ai dit comment je procède pour ce blog : en un premier temps j'écris dans mon coin, en un second je fais lire à l'intéressée pour vérification de mes informations de départ, sachant qu'on ne sait jamais.
Dans le précédent billet, j'ai prétendu que les gens sont toujours étonnés lors de leur première rencontre avec le peintre qu'elle diffère autant de ses personnages : "Non, m'a corrigé VH. pas toujours. La moitié des gens sont effectivement surpris, mais seulement la moitié. De même qu'il y a des gens qui sont surpris de découvrir que je suis une femme, mais qu'il y en a aussi beaucoup qui affirment qu'ils en étaient sûrs avant de faire ma connaissance."
Personnellement, il me semblait que les différences entre VH et ses personnages devaient frapper bien davantage que leurs ressemblances, leur différence de teint en particulier. Mais non...

La question des rapports de l'artiste avec ses personnages -et ses modèles- est de toute façon essentielle à considérer en peinture figurative. A ce sujet, lire l'ouvrage de Françoise Borel, "Le Modèle ou l'artiste séduit", très intéressant bien que muet sur les femmes peintres.

jeudi 23 novembre 2006

9) Chateau-Landon

est le petit village où Van Hove va faire de l'herbe pour ses scènes d'extérieur, qui ne sont jamais qu'à moitié extérieures dans la réalité comme je l'ai dit hier, les personnages étant toujours peints en atelier à Paris. Du moins jusqu'à présent où tous ses modèles sont parisiens et ne viennent la rejoindre à Château-Landon que comme invitées du week-end.
Château-Landon est aussi le lieu mental de ses plus beaux souvenirs d'enfance et de vacances passées chez ses grands-parents paternels, dits Papé et Mamé ou PapéMamé, installés là depuis la fin des années 1920 pour Papé, et depuis "toujours" pour Mamé.
Voici tout de suite une photo d'eux.Papé est à gauche et Mamé en robe blanche à droite près de son grand petit frère TontonLouis.
Le garçon au centre est Pierre, le fils de PapéMamé et donc le père de Francine.
La photo doit dater de 1927.
Culturellement, Francine Van Hove doit beaucoup à sa grand-mère paternelle (Mamé). C'est d'elle qu'elle tient, en particulier, son amour des fleurs dans le jardin et en bouquet dans de nombreux vases à l'intérieur de la maison, sa capacité d'émerveillement devant des spectacles de la nature comme un lever ou un coucher de soleil derrière un rideau de peupliers ou les différentes phases de la lune. Qu'elle tient aussi et surtout son goût pour le dessin et la peinture. Car Mamé dessinait et peignait avec talent et l'a continûment encouragée petite fille.
Voici une autre photo de groupe avec Mamé, encore plus ancienne que la précécente et tirée à partir d'un négatif sur verre en voie d'autodestruction chimique.









Le visage de Mamé en gros plan.









Mamé avait ce qu'on appelle un beau visage -pas joli, mais beau-, large avec des pommettes saillantes, un nez et un menton plutôt forts, et des yeux obliques remontant vers les tempes. Une tête très picturale.
Elle avait quelque chose de nettement oriental, qu'elle a d'ailleurs légué à son fils, lequel l'a, à son tour, légué à Francine VH.
Enfant, le père de Francine avait tout d'un petit prince hindou.
Quant au physique de Francine VH : ceux qui ne connaissent d'elle que sa peinture et qui la rencontrent pour la première fois sont toujours surpris par sa différence par rapport à ses figures féminines. Non, elle ne ressemble pas à ses personnages -et à ses modèles-, sauf par la délicatesse ou la préciosité des gestes.
C'est que, explique-t-elle, ses personnages appartiennent d'abord et avant tout à la tradition claire des Vénus, Dianes, Bethsabées, Hélènes, Sarahs, Sabines, Trois-Grâces, Sources-d'Ingres, etc., de la peinture classique.

mercredi 22 novembre 2006

8) L'herbe

Il y a une chose que Van Hove peint comme du temps de Van Eyck (contrairement aux cheveux) : l'herbe.
L'herbe, elle la peint brin par brin, fleur par fleur, et même, au niveau des fleurs, pétale par pétale.
Elle la peint bien sûr sur le motif, son chevalet planté dehors, dans une prairie, à Château-Landon en Seine-et-Marne, là où elle dispose d'une maison de campagne qu'elle a achetée en grande partie pour cela : "faire de l'herbe", comme elle dit. Comme on dit aussi quand on va couper de l'herbe pour ses lapins.
"Je dois alller faire de l'herbe..." "J'ai encore pas mal d'herbe à faire..."

Dans ce tableau intitulé "La Prairie étoilée", par exemple : elle a peint le personnage en atelier à Paris, avec Marion, au printemps. Puis elle a rangé la toile face tournée vers le mur en attendant que la nature recouvre sa splendeur estivale, c'est-à-dire les mois de juillet-août, pour passer au stade second et final d'une cape d'herbe étoilée de fleurs des champs.


On a expliqué la minutie des Flamands dans leurs descriptions de la nature par leur émerveillement devant la beauté et la richesse de la Création.
C'est le même sentiment qui anime VH.

vendredi 17 novembre 2006

7) Bout de journal

Avant-hier, je lui ai montré "son" blog sur un écran de PC chez une amie. N'ayant pas du tout l'habitude des ordinateurs, elle a lu et regardé lentement, puis, en hésitant -"Puis-je me permettre une petite critique ?"-, elle m'a fait les trois remarques suivantes.
Le modèle sur la photo avec les chats n'était pas Anne comme je l'avais écrit, mais Sophie.
Le nom de son deuxième chat est Félie avec un F et non Phélie avec le Ph d'Ophélia qui lui a semblé un peu pompeux.
Dire qu'elle ne peut pas vivre sans chats est exagéré : il suffirait de dire qu'elle préfère avoir des chats plutôt que de vivre sans.

J'ai corrigé.
Dans le dernier livre écrit sur elle, VH a mis en dédicace la liste complète de ses modèles depuis qu'elle fait de la peinture. Il y en a 30. Normal que tout autre qu'elle s'y perde.
Félie, certes à cause d'Ophélia comme je l'imaginais, et plus précisément à cause du vers "La blanche Ophélia flotte comme un grand lys" de elle ne sait plus quel poète, mais à cause, aussi, et surtout, de "félin".
Dans la réalité, je peux le certifier comme témoin direct, quand elle voyage sans ses chats, ce qui lui arrive très rarement, VH ne peut s'empêcher d'appeler plusieurs fois par jour la personne à qui elle les a confiées pour la durée de son absence.

- Je me bats avec les cheveux de Céline, me dit-elle hier. C'est très difficile, les cheveux.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il faut rendre à la fois la masse de la chevelure et la texture du cheveu, qu'on comprenne qu'il s'agit d'une masse, la chevelure, et en même temps de cheveux. Il y a des peintres qui y arrivent en peignant les cheveux un à un, comme Van Eyck dans l'Agneau mystique ou Wyeth dans ses portraits d'Helga. Moi, je n'y arrive pas. Et c'est surtout difficile de toute façon quand les cheveux sont bouclés comme ceux de Céline, car, alors, il faut utiliser le trait pour indiquer le mouvement de la boucle. On ne peut pas faire autrement que d'y aller du bout du pinceau.
- Et alors ?
- Alors, j'y vais du bout du pinceau, mais après (geste des mains), je floute.
(Floute, du verbe flouter : rendre flou. Les informaticiens, tous plus ou moins francanglophones, disent bleurer, du verbe to blur : brouiller, troubler. Sfumater. Est-ce que "flouter" est utilisé au Québec ?)
- Avec les doigts, donc ?
- Oui.

Aujourd'hui, ce matin, de 9h30 à 12h30, Van Hove travaille avec Marion, à un autre tableau avec des miroirs.

Il y aura pas mal de scènes avec miroirs dans son exposition de septembre prochain.
Le tableau ci-dessous, qui fait partie de la série, ne figurera cependant pas dans l'expo : déjà parti de l'autre côté de l'Atlantique.

Le vers cité à propos de Félie est d'Arthur Rimbaud :
"Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys
Flotte très lentement, couchée sur ses longs voiles
On entend dans les bois lointains des hallalis"
Un peu pompeux pour une petite Félie, effectivement.









J'ai aussi vérifié la référence à Van Eyck : il peignait bien cheveu par cheveu.

mercredi 15 novembre 2006

6) Francine Van Hove et ses chats

La scène "Avec ses chats" ci-dessous, photographiée par Mariette Leny dans l'atelier parisien de VH, montre, outre celle-ci en train de dessiner, Sophie posant allongée de dos, le chat Sarah et l'autre Annabelle. Chats de compagnie.
La photo date de quelques années, Sarah et Annabelle sont disparues et ont laissé la place à deux autres félidé(e)s, Malou et Félie, d'aussi bonne compagnie.
VH ne peut vivre sans chats. Est-ce un hasard ? Tous ses modèles "sont" aussi chats qu'elle.

5) Avec ses chats

4) Swaen ?

A part celui de VH, Swaen est le nom qu'on retrouvera la plus souvent dans ce blog : mon nom de plume.
La création de ce blog est une initiative que j'ai prise par admiration pour VH et un peu contre l'avis de l'artiste qui n'aime s'exprimer ni sur elle-même, ni sur ce qu'elle fait.
C'est moi qui répondrai aux questions qui seront adressées à VH dans ce blog, après consultation de cette dernière naturellement, mais jamais le peintre elle-même ai-je été prévenu, VH préférant consacrer le maximum de son temps à la peinture.

3) Complément ?

Quelles sortes d'informations trouvera-t-on sur ce blog qu'on ne trouvera pas sur le site de la Galerie Alain Blondel ?
Cette photo de Francine Van Hove en train de peindre sa "Partie de campagne", par exemple.
La photo du tableau est sur le site, le tableau est dans la galerie, mais pas cette photo-reportage.

Une question souvent posée aux galeristes Michèle et Alain Blondel : à quand la prochaine exposition de Francine Van Hove ?
Réponse : en septembre 2007.

2) La Partie de campagne

mardi 14 novembre 2006