mercredi 22 août 2007

47) C'est l'automne en été

Il a vraiment beaucoup plu à Château-Landon durant tout le mois d'août. Heureusement, comme je l'ai dit en 42), Van Hove s'était dépêchée de faire son "Prunier" dès son arrivée en juillet et n'a plus eu besoin de travailler dehors ensuite.Tout août, elle a donc peint en atelier, d'après modèles. Marion et Céline parties, ça a été au tour d'un miroir à trois pans de poser (pour "Pensive").Dans l'atelier, souvent Féli se perche en haut du chevalet comme une colombe au sommet d'un arbre. Et qu'on n'essaye pas de la déloger quand elle n'a pas envie de quitter son poste.

samedi 18 août 2007

46) Le Vieux prunier

Terminé.

mercredi 15 août 2007

45) Pensive

Dans la réalité, à Château-Landon où elle prend ses quartiers d'été, FVH a deux tableaux en cours.
Le premier, "Le Vieux prunier", sera à l'expo.
Le second, elle ne sait pas encore, n'étant pas sûre de pouvoir le finir à temps.
En voici une photo : Le personnage se fait d'après Céline. Céline qui est aussi venue poser à Château, et qui y a croisé Marion.
(Chaque modèle a sa façon de parler de Van Hove : Marion dit "Francine", Julia dit "Van Hove" et Céline, elle, dit "ma" peintre : "Je ne peux pas vous voir, je dois aller poser chez ma peintre." "Ma peintre est passée me voir à ma galerie du Passage Choiseul".)

dimanche 12 août 2007

44) Pour le dossier de presse,

le galeriste de Van Hove, Alain Blondel, a écrit sur l'art de son peintre un texte que je trouve personnellement admirable.
Voici ce texte :

"Les tensions se relâchent. Le bruit du monde s'éloigne. Les gestes s'épanouissent. De la scène les mâles sont absents... Non qu'on ne les aime pas, car il n'est pas question ici d'une guerre des sexes ; mais disons que, pour l'instant, la question de séduire ne se pose pas. D'emblée, cette tension est évacuée ; et c'est de sensualité pure, plus que d'érotisme, qu'il est question dans le tiède atelier devenu abri. La passion et son vocabulaire de bataille reste au vestiaire, avec les habits, justement. Les corps sont nus, mais les jeux de l'amour sont reportés à plus tard, dès le retour dans le monde ; c'est prévu, c'est promis. Seulement, pour l'instant, la pile se recharge. Et, dans ces représentations peintes, on découvre sa charge explosive.
Comment rendre compte de cela ? Van Hove, bonne observatrice et fin stratège, se tient modestement en retrait. Elle parle à son propos de « peinture lisse » et prétend vouloir se faire oublier dans sa facture. Voilà qui est plutôt singulier à entendre aujourd'hui. Elle se contente, dit-elle, de fixer des gestes sur la toile et démontre que, dans le monde féminin dont elle témoigne, le langage infiniment varié des attitudes est amplement suffisant pour suggérer le souffle calme, le battement rassurant de la vie au repos.
Dans cette familiarité si quotidienne, si éloignée des vanités sociales, les minutes ont tout le loisir de s'allonger. Le Temps, enfin, peut se faire oublier. C'est alors que l'a-modernisme (qui n'a rien d'un anachronisme) devient une vertu. C'est en tout cas le but vers lequel tend l'art de Van Hove. Le sujet est trop intemporel pour prendre le risque de le dater par une manière de peindre qui reprendrait les afféteries d'un jour et détournerait son sens. Pour parvenir à cela - sortir de son temps pour mieux être dans l'instant fixé - il faut posséder un métier incroyable. Pas de place ici pour des velléités. Il faut assumer la perfection. Elle en a les moyens.
Les femmes reconnaissent une part essentielle de leur vérité dans ces dessins et ces peintures. Elles y découvrent des sentiments qui n'avaient jamais été aussi clairement exprimés. Quant aux filles, elles peuvent, pour un instant, laisser tomber leurs armures, dentelles, ficelles. Combattantes et amoureuses au dehors, elles se retrouvent enfin seules devant des miroirs amicaux de glace, de papier et de toiles. Et s'en trouvent bien."

Une seule remarque de ma part : quand il parle de tensions ("qui se relâchent…"), Alain Blondel n'envisage que celles existant entre femmes et "mâles", que FVH évite effectivement en excluant totalement les mâles de son univers pictural. Mais tout le monde sait que des tensions de même nature peuvent exister entre femmes, et il me semble intéressant d'évoquer le fait que les rapports du peintre avec ses modèles femmes en sont également exempts.On se trouve bien, comme le note Alain Blondel dans la suite de son analyse, dans un en-deçà de l'érotisme.

43) Invitation à l'expo

Voici le carton d'invitation à la prochaine exposition de Van Hove à la Galerie Alain Blondel.
Le vernissage aura lieu le 13 septembre au soir.
L'exposition durera jusqu'au 8 novembre 2007.
Adresse : 128, rue Vieille du Temple, 75003 Paris. (Attention, la Galerie a déménagé et donc quitté le plateau Beaubourg il y a déjà deux ans.)

samedi 11 août 2007

42) Le Vieux prunier

Dernières nouvelles de ce tableau de Van Hove dont j'ai déjà parlé dans mon message 38, "Le Vieux prunier", et qui sera le dernier de sa prochaine exposition.
Après avoir peint le personnage féminin dans son atelier parisien, FVH a gagné Château-Landon pour y peindre l'arbre. Sur le motif, bien entendu.Curieuse et pressée d'aboutir, le peintre s'y est mise d'arrache-pied dès son arrivée mi juillet. Heureusement, car deux semaines plus tard, ça a été des pluies incessantes et l'automne en plein été dans toute la région.
En fait, une fois l'arbre peint, pour des raisons d'équilibre de traitement entre les différents éléments, Van Hove a eu besoin d'une séance de plus avec son modèle qu'elle a pu faire venir de Paris pour le week-end du 11-12 août. Les avant-bras, mains, jambes et pieds ont ainsi été retravaillés.
Non, le tableau n'est pas encore tout à fait fini : une ombre entre l'arbre et le dos encore à régler.

41) Van Hove en anglais

Deuxième question de Pascale du 17 juillet dernier, qui est une suggestion d’ailleurs : parler de Francine Van Hove en anglais.
"Do you intend to translate this fantastic blog in English?
I have plenty of English speaking friends who would love to read you. They love Francine Van Hove's work and they are anxious to learn more about her.
Also, could you publish on the blog all the texts which have been written and published about her? Like the prefaces of the books or the press release texts which have been sent before the exhibitions."
La réponse est simple et peut tenir en un mot : trac.
J’ai le trac de m’exprimer en anglais sachant que je ne suis pas sûr du tout d’arriver à le faire au niveau de subtilité requis s’agissant de la peinture de Van Hove. Mais c’est promis : je vais faire l’effort surhumain d’ouvrir un blog dans cette langue. Non seulement en pensant aux amateurs et clients de Van Hove purement anglophones, mais aussi, mais surtout parce que cela me semble dans l’ordre des choses qu’aujourd’hui, en Europe, tout le monde considère l’anglais comme sa seconde langue maternelle et la pratique en conséquence.
Merci Pascale.

40) Les titres des tableaux

Je réponds maintenant à Pascale en ce qui concerne les titres des tableaux de Van Hove : si celle-ci avait le choix -si elle n’en avait pas besoin pour se repérer dans sa propre production-, elle laisserait ses tableaux sans titres. Et c’est ce qui explique que beaucoup de ses titres soient insignifiants. Quelques exemples ? « Le Café noir », « Le Bol penché », « Karen au verre de vin », « Anne au verre de vin », « Le Pot de confiture », « Le Tub ». Une insignifiance très significative du fait que, pour elle, ses tableaux doivent se suffire à eux-mêmes et pouvoir se passer de mots pour s'apprécier : accès libre de tout discours. Cependant, la peintre ne peut pas toujours être aussi minimaliste verbalement. Alors, de temps en temps, quand le sujet s'y prête, elle va plus loin en s’amusant. Et cela donne « Cène d’atelier », « Répétition générale », ou « Les Pieds dans les nuages ». Un de ses derniers tableaux (ci-dessus) fait écho à la légende de l’invention de la peinture telle que la raconte l’antique Pline l’Ancien. J’avais suggéré à Van Hove de l’appeler « L’Invention de la peinture », ou « La Naissance de la peinture », ou encore « L’Ombre de Dibutades ». Trop compliqué, m’a-t-telle répondu, pour ne pas dire trop littéraire et prétentieux. Et son choix à elle a finalement été « Le Dessin de l’ombre ». Ce qui est très bien comme titre, à mon avis, pour ne pas dire mieux.
Mais voici quand même cette légende de l’invention de la peinture dont la connaissance, si elle n’est pas nécessaire pour la compréhension de l’œuvre, peut présenter un certain intérêt pour l’amateur et éventuellement ajouter à son plaisir.
Ce qui suit est extrait d’un livre remarquable de Nadeije Laneyrie-Dagen que j’ai déjà cité dans ce blog, message n° 11.
« L’anecdote, répétée par d’innombrables auteurs du début du Moyen Âge jusqu’au XVIIIe siècle, constitue un des mythes fondateurs de l’histoire de l’art occidental, illustré à plusieurs reprises, encore dans les années 1800, par les peintres et les graveurs […] Le mythe de la naissance de l’art dans le monde européen tel que le rapporte l’écrivain Pline l’Ancien renvoie à l’histoire de la représentation d’une ombre. " Le premier ouvrage en ce genre fut fait en argile par Dibutades de Sicyone, potier à Corinthe, à l’occasion d’une idée de sa fille, éprise d’un jeune homme qui allait quitter la ville : celle-ci arrêta par des lignes les contours du profil de son amant […]""
Ainsi obtient-on une image dessinée qui fait illusion de présence.

lundi 6 août 2007

39) Elle et Degas

Je reprends après quelques semaines de vacances et réponds d’abord au message de Hellbay : bien sûr que le dessin que j’ai montré dans mon message n° 38 fait penser à Degas. Mais en quoi exactement ? Quoi de commun entre les deux artistes ?
Le thème de toute évidence : jeune femme à sa toilette vue de dos.
Mais aussi la manière de dessiner de Van Hove, dans la mesure où elle est classique italienne comme celle de Degas, avec cependant cette différence, par rapport à ce qui se passe chez ce dernier, que le dessin de Van Hove, toujours préparatoire à sa peinture, va généralement plus dans le détail, au niveau des mains et des pieds, par exemple.
Remarque : si son dessin rattache Van Hove à la même tradition italienne que son plus illustre prédécesseur, tel n’est pas le cas de sa peinture.
A ce sujet, voici un joli texte de Colette parlant des types humains qu'elle peut observer en Italie, puis citant Besnard à propos de peinture :
« Les beaux enfants. Plus beaux qu’on ne saurait dire. Chez certaines petites filles, la coupe de la paupière, l’abondance du regard, le fini du menton, et cette belle forme d’œuf, la pointe en bas, du visage. Des adolescentes émeuvent comme si elles sentaient bon. Tôt moustachues d’ailleurs, et tôt élargies, elles perdent cette finesse périssable, cette démarche à nobles jambes et à reins élégants. Des garçons aussi : le garçon en blanc de la via Veneto, douze, treize ans, jambes nues et cou nu, le cou avec cette attache qui n’est pas de chez nous, et l’assurance, mouvements et regards d’une créature qui peut tout affronter comme comparaisons.
« Ce sont ces beaux visages, dit Besnard, qui font chez nous les mauvais peintres. Un coloriste y perd sa joie et ses ressources. Ils ne se prêtent qu’au dessin. Où trouver, ici, une de ses carnations septentrionales qu’une lumière, un reflet, frappe et pénètre de vert, de violet, de bleu ? Allez donc trouver, dans ce pays, un modèle à qui un rayon fasse soudain le menton vert, la joue d’azur, et le sein comme une lampe d’opale ? »
Van Hove a appris à dessiner dans le Sud, mais à peindre dans le Nord.Et voici en conclusion un hommage impertinent de Van Hove au grand maître.