mercredi 21 mars 2007

29) "Racontars d'un rapin"

L'autre jour, dans son atelier, FVH me fait lire un passage des "Racontars de rapin" de Paul Gauguin. C'était sur le dessin de Renoir.

"Un peintre qui n'a jamais su dessiner mais qui dessine bien, c'est Renoir (...)
Chez Renoir, rien n'est en place : ne cherchez pas la ligne, elle n'existe pas; comme par magie, une jolie tache de couleur, une lumière caressante parlent suffisamment. Sur les joues comme sur une pêche, un léger duvet ondule, animé par la brise d'amour qui raconte aux oreilles sa musique. On voudrait mordre à la cerise qui exprime la bouche et, à travers le rire, perle la petite quenotte blanche et aiguisée. Prenez garde, elle mord cruellement; c'est une quenotte de femme.
Divin Renoir qui ne sait pas dessiner."

Il y a dessin et dessin.
Il y a des gens dont le talent consiste à "bien dessiner", et il y en a d'autres dont le talent consiste à "non dessiner" comme Renoir d'après Gauguin, ou à (très bien) "mal dessiner" comme Millet, toujours d'après Gauguin, et comme le divin Gauguin lui-même d'après moi, si je puis me permettre.
Aujourd'hui, on peut dessiner "très bien" de toutes sortes de façons, "bien" ou "mal", sachant quand même qu'officiellement, aux yeux de la critique du haut du pavé, il n'est plus admis de "bien" dessiner, même très bien : plus admis, plus toléré. Alors que dessiner comme Renoir ou Monet, ou comme Gauguin, ça, ça va encore, ça passe encore.

Après avoir discuté de cela avec FVH, j'ai regardé ce qu'elle avait en chantier.
Un des tableaux encore au stade des dessins préparatoires montrera Marion s'observant dans une grande glace, après s'être enroulé un châle indien autour de la taille.



Un second modèle, Céline, à droite sur le tableau, la regardera se regarder.

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