Quelle amusante question.
Quelques jours plus tard, Jeanne apporte le catalogue de la dite peintre à FVH. On peut y retrouver la question du discours dans l’introduction –écrite par une journaliste- dont voici deux extraits :
« A la question, caricaturale mais bien réelle (je suis témoin) de certains galeristes : « Quel est votre discours à propos de vos tableaux ? », elle répond les yeux écarquillés : « Il n’y a pas de discours. Je peins. Avec mon cœur, mes tripes, ma peine, ma joie, je peins parce que c’est ma passion. Parce que je ne sais rien faire d’autre. C’est tout. »
« Elle intègre à 17 ans l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts dont son père architecte lui a parlé avec respect et admiration, et se rend compte que l’enseignement ne s’est toujours pas remis de mai 1968, que la démarche artistique s’inscrit dans un discours, ce qu’elle tient en horreur. »
Remarque : l’auteur de l’introduction, qui est d’accord avec l’artiste pour considérer que la peinture de celle-ci n’a pas de besoin d’explications (= de discours) pour s’apprécier, arrive quand même à en écrire une dizaine de pages. Mais peut-on se dispenser, sinon de discourir, du moins de bavarder quand on présente une oeuvre d'art ? On a toujours beaucoup parlé ou écrit sur la peinture. J'ai, dans ma collection de vieux livres, plusieurs ouvrages qui en témoignent,
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A propos du Van Hove de Jeanne-et-Bruno, voici une petite histoire amusante, histoire de parler, non plus d'art, mais de technique.
Un jour de 1986, nos deux amis déménagent aux Etats-Unis. Tout ce qu'ils veulent emporter avec eux -dont ce tableau- est mis dans des caisses et expédié quelques jours avant leur propre départ en avion. Quand, arrivés à destination, ils veulent récupérer leur bien, le transporteur leur apprend que c'est impossible : ses entrepôts sont interdits d'accès, non seulement parce qu'ils se trouvent sous l'eau suite au débordement d'une rivière proche, mais aussi parce que l'inondation a également concerné une usine de produits chimiques et entraîné, eu égard aux risques de contamination, des mesures de quarantaine locale.
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Intéressante démonstration de la proverbiale solidité de la peinture à l'huile traditionnelle par glacis.