le galeriste de Van Hove, Alain Blondel, a écrit sur l'art de son peintre un texte que je trouve personnellement admirable.
Voici ce texte :
"Les tensions se relâchent. Le bruit du monde s'éloigne. Les gestes s'épanouissent. De la scène les mâles sont absents... Non qu'on ne les aime pas, car il n'est pas question ici d'une guerre des sexes ; mais disons que, pour l'instant, la question de séduire ne se pose pas. D'emblée, cette tension est évacuée ; et c'est de sensualité pure, plus que d'érotisme, qu'il est question dans le tiède atelier devenu abri. La passion et son vocabulaire de bataille reste au vestiaire, avec les habits, justement. Les corps sont nus, mais les jeux de l'amour sont reportés à plus tard, dès le retour dans le monde ; c'est prévu, c'est promis. Seulement, pour l'instant, la pile se recharge. Et, dans ces représentations peintes, on découvre sa charge explosive.
Comment rendre compte de cela ? Van Hove, bonne observatrice et fin stratège, se tient modestement en retrait. Elle parle à son propos de « peinture lisse » et prétend vouloir se faire oublier dans sa facture. Voilà qui est plutôt singulier à entendre aujourd'hui. Elle se contente, dit-elle, de fixer des gestes sur la toile et démontre que, dans le monde féminin dont elle témoigne, le langage infiniment varié des attitudes est amplement suffisant pour suggérer le souffle calme, le battement rassurant de la vie au repos.
Dans cette familiarité si quotidienne, si éloignée des vanités sociales, les minutes ont tout le loisir de s'allonger. Le Temps, enfin, peut se faire oublier. C'est alors que l'a-modernisme (qui n'a rien d'un anachronisme) devient une vertu. C'est en tout cas le but vers lequel tend l'art de Van Hove. Le sujet est trop intemporel pour prendre le risque de le dater par une manière de peindre qui reprendrait les afféteries d'un jour et détournerait son sens. Pour parvenir à cela - sortir de son temps pour mieux être dans l'instant fixé - il faut posséder un métier incroyable. Pas de place ici pour des velléités. Il faut assumer la perfection. Elle en a les moyens.
Les femmes reconnaissent une part essentielle de leur vérité dans ces dessins et ces peintures. Elles y découvrent des sentiments qui n'avaient jamais été aussi clairement exprimés. Quant aux filles, elles peuvent, pour un instant, laisser tomber leurs armures, dentelles, ficelles. Combattantes et amoureuses au dehors, elles se retrouvent enfin seules devant des miroirs amicaux de glace, de papier et de toiles. Et s'en trouvent bien."
Une seule remarque de ma part : quand il parle de tensions ("qui se relâchent…"), Alain Blondel n'envisage que celles existant entre femmes et "mâles", que FVH évite effectivement en excluant totalement les mâles de son univers pictural. Mais tout le monde sait que des tensions de même nature peuvent exister entre femmes, et il me semble intéressant d'évoquer le fait que les rapports du peintre avec ses modèles femmes en sont également exempts.On se trouve bien, comme le note Alain Blondel dans la suite de son analyse, dans un en-deçà de l'érotisme.
dimanche 12 août 2007
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