Comment peut-on arriver à dessiner et peindre la figure humaine comme Francine Van Hove ? En ayant du talent pour cela, bien sûr, mais également en s'inscrivant profondément dans la tradition du dessin et de la peinture classiques.
C'est ce que ClaudBé a apporté à FVH... en dessin seulement, et pas en peinture ni en décoration. Car -j'y ai déjà fait allusion-, la décoration à ClaudBé, c'était presque rien, et la peinture moins que rien.
Cette école ne méritait pas le nom de "de dessin et d'arts plastiques". Ce n'était qu'une école de dessin, et une école de dessin à l'ancienne, où l'on passait presque tout son temps à pratiquer. Une école pratique et vraiment scolaire, où il fallait arriver à 8h30 le matin, et pas une minute plus tard, sous peine de se voir arrêté à la porte par un gardien et consigné en étude, avec tous les autres élèves du Lycée, élèves plus jeunes des classes de troisième, de seconde et de première, coupables de la même faute.
On ne pouvait quitter le Lycée qu'à 18 heures. Dans le cas où l'emploi du temps des élèves (on ne disait jamais "étudiants") comportait un trou, entre un cours de plâtre de 14 à 16 heures et un cours d'histoire de l'art à 17 par exemple, ce trou devait être employé à étudier solo. L'heure en question portait le nom officiel d'"heure d'étude". Tous les travaux, sans exception, étaient notés, et il y avait des classements, des conseils de classe, avec des tableaux d'honneur et des prix d'excellence à la clef, dont on se trouvait automatiquement privé si on était pris à sécher un cours.
Le règlement stipulait que "les élèves de la classe dont les familles ne résident pas à Paris doivent être inernes au Lycée Janson-de-Sailly (garçons) ou au Foyer des Lycéennes, 10, rue du Docteur-Blanche, Paris (16e) (filles)".
Sur les 25 filles de la promotion de FVH, seule celle-ci et 4 de ses camarades également parisiennes échappaient à l'internat.
Jacques a été interne à Janson-de-Sailly pendant 3 ans.
La majorité des élèves se trouvaient soumis à trois régimes administratifs et disciplinaires concordants : celui de la vie à l'intérieur de la Classe de préparation au professorat, celui de l'établissement d'hébergement de cette classe (le Lycée Claude Bernard), et celui de l'établissement de résidence obligatoire (Janson-de-Sailly pour les garçons, le Foyer du Docteur-Blanche pour les filles).
Les cours étaient le contraire de mixtes et les professeurs veillaient à éviter ou réduire autant que faire se pouvait les rencontres entre les "garçons" et les "filles", qu'ils ne pouvaient cependant pas empêcher de se croiser dans les couloirs lors des changements de salles de cours : "Allez, allez, Messieurs (ou Mesdemoiselles), ne traînez pas !"
Heureusement, il y avait ce Monsieur Bernard et son amour de dessin classique et de l'enseignement, et sa réelle générosité pédagogique. Et il y avait, vivante en lui, très vivante, cette pensée de Paul Valéry qu'il avait d'ailleurs placée en épigraphe dans son bulletin de sa Société des professeurs de dessin :
"Je ne sais pas d'Art qui puisse engager plus d'intelligence que le dessin. Qu'il s'agisse d'extraire du complexe de la vue la trouvaille du trait, de résumer une structure, de ne pas céder à la main, de lire et de prononcer en soi une forme avant de l'écrire; ou bien que l'invention domine le moment, que l'idée se fasse obéir, se précise, et s'enrichisse de ce qu'elle devient sur le papier, sous le regard, tous les dons de l'esprit trouvent leur emploi dans ce travail, où paraissent non moins fortement tous les caractères de la personne quand elle en a."
Paul VALÉRY
(Degas, Danse, Dessin).
vendredi 12 janvier 2007
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