vendredi 17 novembre 2006

7) Bout de journal

Avant-hier, je lui ai montré "son" blog sur un écran de PC chez une amie. N'ayant pas du tout l'habitude des ordinateurs, elle a lu et regardé lentement, puis, en hésitant -"Puis-je me permettre une petite critique ?"-, elle m'a fait les trois remarques suivantes.
Le modèle sur la photo avec les chats n'était pas Anne comme je l'avais écrit, mais Sophie.
Le nom de son deuxième chat est Félie avec un F et non Phélie avec le Ph d'Ophélia qui lui a semblé un peu pompeux.
Dire qu'elle ne peut pas vivre sans chats est exagéré : il suffirait de dire qu'elle préfère avoir des chats plutôt que de vivre sans.

J'ai corrigé.
Dans le dernier livre écrit sur elle, VH a mis en dédicace la liste complète de ses modèles depuis qu'elle fait de la peinture. Il y en a 30. Normal que tout autre qu'elle s'y perde.
Félie, certes à cause d'Ophélia comme je l'imaginais, et plus précisément à cause du vers "La blanche Ophélia flotte comme un grand lys" de elle ne sait plus quel poète, mais à cause, aussi, et surtout, de "félin".
Dans la réalité, je peux le certifier comme témoin direct, quand elle voyage sans ses chats, ce qui lui arrive très rarement, VH ne peut s'empêcher d'appeler plusieurs fois par jour la personne à qui elle les a confiées pour la durée de son absence.

- Je me bats avec les cheveux de Céline, me dit-elle hier. C'est très difficile, les cheveux.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il faut rendre à la fois la masse de la chevelure et la texture du cheveu, qu'on comprenne qu'il s'agit d'une masse, la chevelure, et en même temps de cheveux. Il y a des peintres qui y arrivent en peignant les cheveux un à un, comme Van Eyck dans l'Agneau mystique ou Wyeth dans ses portraits d'Helga. Moi, je n'y arrive pas. Et c'est surtout difficile de toute façon quand les cheveux sont bouclés comme ceux de Céline, car, alors, il faut utiliser le trait pour indiquer le mouvement de la boucle. On ne peut pas faire autrement que d'y aller du bout du pinceau.
- Et alors ?
- Alors, j'y vais du bout du pinceau, mais après (geste des mains), je floute.
(Floute, du verbe flouter : rendre flou. Les informaticiens, tous plus ou moins francanglophones, disent bleurer, du verbe to blur : brouiller, troubler. Sfumater. Est-ce que "flouter" est utilisé au Québec ?)
- Avec les doigts, donc ?
- Oui.

Aujourd'hui, ce matin, de 9h30 à 12h30, Van Hove travaille avec Marion, à un autre tableau avec des miroirs.

Il y aura pas mal de scènes avec miroirs dans son exposition de septembre prochain.
Le tableau ci-dessous, qui fait partie de la série, ne figurera cependant pas dans l'expo : déjà parti de l'autre côté de l'Atlantique.

Le vers cité à propos de Félie est d'Arthur Rimbaud :
"Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys
Flotte très lentement, couchée sur ses longs voiles
On entend dans les bois lointains des hallalis"
Un peu pompeux pour une petite Félie, effectivement.









J'ai aussi vérifié la référence à Van Eyck : il peignait bien cheveu par cheveu.

1 commentaire:

Sejan a dit…

Chronique passionnante.
Quant aux cheveux, le "rendu" montré (photo) est époustouflant.