Un soir de novembre, Van Hove dîne chez ses amis Jeanne et Bruno. Au mur, plusieurs toiles dont un Boutet de Monvel, un Van Hove et deux oeuvres d'une peintre (figurative) de fleurs. A propos de cette dernière artiste, Jeanne raconte que venue présenter son travail à un galeriste, elle s’était entendue demander : « Avez-vous un discours ? »
Quelle amusante question.
Quelques jours plus tard, Jeanne apporte le catalogue de la dite peintre à FVH. On peut y retrouver la question du discours dans l’introduction –écrite par une journaliste- dont voici deux extraits :
« A la question, caricaturale mais bien réelle (je suis témoin) de certains galeristes : « Quel est votre discours à propos de vos tableaux ? », elle répond les yeux écarquillés : « Il n’y a pas de discours. Je peins. Avec mon cœur, mes tripes, ma peine, ma joie, je peins parce que c’est ma passion. Parce que je ne sais rien faire d’autre. C’est tout. »
« Elle intègre à 17 ans l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts dont son père architecte lui a parlé avec respect et admiration, et se rend compte que l’enseignement ne s’est toujours pas remis de mai 1968, que la démarche artistique s’inscrit dans un discours, ce qu’elle tient en horreur. »
Remarque : l’auteur de l’introduction, qui est d’accord avec l’artiste pour considérer que la peinture de celle-ci n’a pas de besoin d’explications (= de discours) pour s’apprécier, arrive quand même à en écrire une dizaine de pages. Mais peut-on se dispenser, sinon de discourir, du moins de bavarder quand on présente une oeuvre d'art ? On a toujours beaucoup parlé ou écrit sur la peinture. J'ai, dans ma collection de vieux livres, plusieurs ouvrages qui en témoignent, dont celui-ci du peintre André Lhote, lui-même grand parleur de peinture devant l'Eternel.
A propos du Van Hove de Jeanne-et-Bruno, voici une petite histoire amusante, histoire de parler, non plus d'art, mais de technique.
Un jour de 1986, nos deux amis déménagent aux Etats-Unis. Tout ce qu'ils veulent emporter avec eux -dont ce tableau- est mis dans des caisses et expédié quelques jours avant leur propre départ en avion. Quand, arrivés à destination, ils veulent récupérer leur bien, le transporteur leur apprend que c'est impossible : ses entrepôts sont interdits d'accès, non seulement parce qu'ils se trouvent sous l'eau suite au débordement d'une rivière proche, mais aussi parce que l'inondation a également concerné une usine de produits chimiques et entraîné, eu égard aux risques de contamination, des mesures de quarantaine locale.
Le Van Hove reste donc sous l'eau... dix jours. Mais, ô bonne surprise, quand on sort la tableau tout mouillé de sa caisse toute détrempée -adieu vêtements, photos, livres !-, on s'aperçoit que la toile elle-même n'a pas bougé d'un cil. Sauf que la peinture du cadre a légèrement bavé dessus, ce qui se répare en trois coups de cuillère à pot d'eau savonneuse.
Intéressante démonstration de la proverbiale solidité de la peinture à l'huile traditionnelle par glacis.
mercredi 17 décembre 2008
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2 commentaires:
Bonjour, je suis une avide admiratrice des peintures de Francine Van Hove et de votre blog. S'il m'est permis de vous le demander, j'aimerais savoir quel est le produit qu'utilise Francine Van Hove pour les glacis.
Merci pour votre blog qui est fascinant!
nathalie Vogel
www.nathalievogel.com
Le peintre de fleurs mentionné dans « Avez-vous un discours ? » s’appelle Claire Basler. www.clairebasler.com
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