Réponses à Chipou que VH remercie de son message.
Première question : De qui Francine Van Hove est-elle le plus l'héritière, dans l'histoire de l'art ?
FVH a eu du mal avec cette question et j’ai dû insister pour qu’elle y réponde. Comme elle l’a déjà raconté dans une de ses interviews antérieures, tout a commencé pour elle par des sortes d’extases enfantines devant des spectacles de la nature comme, par exemple, un magnifique coucher de soleil sur la mer auquel elle a eu l'occasion d'assister un soir à Antibes où elle se trouvait en vacances avec ses parents.
Elle ne s’est intéressée à l’histoire de l’art et à ses grands noms que bien plus tard. Elle est, précise-t-elle, restée assez longtemps inculte dans ce domaine.
Elle a évoqué cette autre circonstance où elle a également éprouvé une émotion particulièrement vive : lorsqu’elle a découvert une photo du masque de Tout Ank Amon dans un Paris-Match au milieu des années 50.
Ces expériences étaient-elles agréables ? Oui et non. Oui en raison de leur caractère exaltant, et non dans la mesure où VH avait à chaque fois l’impression de ne pas être à la hauteur.
A propos du coucher de soleil à Antibes, elle se rappelait avoir pensé que si elle arrivait un jour à peindre ce qu’elle voyait, à attraper et enfermer cette beauté dans un dessin ou un tableau, peut-être, peut-être alors pourrait-elle se débarrasser du sentiment d’angoisse qui gâtait son plaisir.
Après sa découverte du masque de Tout Ank Amon, VH s’était acheté un crayon spécial, à grosse mine, pour le « reproduire » artistiquement : quelle déception !
Aujourd’hui, VH s’intéresse à une foultitude d’autres peintres, trop nombreux pour être cités, mais qui présentent la caractéristique commune finalement assez limitative d’être tous figuratifs et d'appartenir au passé pour la plupart.
D’un point de vue technique, sinon esthétique, Van Hove est l’héritière de « toute » l’histoire de l’art occidental du début du XVe siècle au milieu du XIXe.
Pourquoi le début du XVe siècle ? Parce que c’est à cette époque qu’apparaissent les inventions extraordinaires de l’ombre propre et portée en peinture, de la perspective albertienne, de l’anatomie humaine, des effets de matière, etc., techniquement constitutives de la tradition de la peinture figurative.
Et pourquoi la fin du XIXe siècle ? Parce qu’alors commence, au lendemain de l’invention de la photographie, le déclin de cette tradition figurative dans laquelle Van Hove a décidé de continuer à œuvrer contre vents et marées.
Sur les inventions qui jalonnent l’histoire de la peinture occidentale et qui ont précédé celle de la photographie, on peut -on doit !- lire « L’Invention du corps » de Nadeije Laneyrie-Dagen, ouvrage réédité en 2006.
Deuxième question de Chipou : Van Hove a-t-elle toujours peint ses chats ? Sont-ils plus faciles à peindre que des êtres humains ?
Non, elle n’a pas toujours peint ses chats. Elle n’a d’ailleurs commencé à avoir des chats que vers l’âge de 34 ans.
Oui, les chats sont plus faciles à peindre que les êtres humains… quand ils acceptent de poser assez longtemps, ce qui est plutôt rare à vrai dire.
Les êtres vivants les plus difficiles à dessiner sont les êtres humains pour cette simple raison que tout le monde s’y connaît et se montre spontanément plus exigeant sous l’angle de la fidélité de la représentation.
Dans le passé, un autre être vivant était particulièrement difficile à dessiner pour exactement la même raison : le cheval. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui où nous avons cessé de vivre entourés de ces meilleurs amis de l’homme.
Troisième et dernière question : D'où viennent les vêtements et accessoires que l'on trouve sur ses tableaux ? Sont-ils imaginaires ? Les fabrique-t-elle elle-même peut-être ? Je suis frappée par leur simplicité. Je cherche depuis des années un peignoir de bain, simple et fin, sans col, comme l'un de ceux que j'ai pu voir sur un tableau de Van Hove sur le site internet de la galerie Blondel. Cela peut vous paraître un détail mais je trouve tous ces accessoires fantastiques.
Les vêtements et accessoires sont réels. Van Hove se contente de les trouver ou de les faire chercher par des amis. Le premier critère retenu dans leur choix est effectivement la simplicité, ce qui va généralement avec une certaine ancienneté. En ce qui concerne les accessoires, ils doivent être dès l’abord identifiables comme des objets d’usage courant, ce qu’ils sont effectivement dans l’atelier et l’appartement de VH.
LE peignoir de bain qu’on retrouve dans beaucoup de ses tableaux est un Marimekko datant de 1979 et en provenance directe de Helsinki. D’une finesse et d’une douceur inégalables. Très apprécié des modèles qui s’en revêtent régulièrement pour aller prendre leur thé à l’heure de la pause. Irremplaçable. Tellement usé que VH n’ose plus le laver.
mercredi 6 décembre 2006
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1 commentaire:
Merci pour les réponses à mes trois questions.
J'en ai une autre en cette veille de Noël.
Quand je pense à la peinture de Van Hove, j'ai un certain nombre d'images qui me viennent à l'esprit, et qui sont liées sans doute aux tableaux qui m'ont le plus marquée ou que j'ai le plus vus. Je pense à des portraits à la lumière artificielle d'une lampe années 30, des jeux de miroir, des compositions avec dessins et tableaux sur la même toile (sortes de mises en abîme picturales) mais aussi des scènes autour d'une table de déjeuner, de thé ou de dîner, des banquets, des scènes de repas festifs qui me semblent, pour certaines d'entre elles, évoquer "La cène".
Alors ma question est la suivante : quelle est la part de "spirituel" dans la peinture de Francine Van Hove ? FVH est-elle catholique ? Cela a-t-il d'ailleurs une importance dans son travail ? Sa peinture peut-elle s'apparenter, d'une certaine manière, à de la peinture religieuse, revue et corrigée au XXIème siècle, modernisée. Il me semble qu'elle a déjà abordé ce sujet dans la préface d'un de ses livres édités à l'occasion d'une de ses expositions, mais je ne sais plus lequel.
Par avance, merci pour votre réponse et joyeuses fêtes !
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